Le palais Dar El Bacha se transforme en musée. Sous l'initiative commune du ministère de la Culture et de l'archéologue Patty Cadby Birch, cet espace sera bientôt ouvert au public. Il regroupe une collection de 3000 objets anciens. Le palais Dar El Bacha de Marrakech change de peau. Les travaux de restauration de ce joyau architectural situé à proximité de Bab Doukkala sont à présent achevés. Reste à effectuer les travaux de muséographie. Ce palais va en effet se transformer en un musée archéologique. Le projet est issu d'une initiative commune entre la collectionneuse américaine Patti Cadby Birch et le ministère de la culture. «Patty Birch, qui possède une résidence secondaire à Marrakech, avait souhaité mettre sa collection à la disposition du Maroc. C'est ainsi que nous avons finalement conclu ce partenariat avec le ministère de tutelle», déclare Fayçal Cherradi, Inspecteur des monuments historiques de Marrakech. Contrairement à ce que croient certains, la restauration de ce Palais datant du début du 20ème siècle n'est pas financée par les Américains. «Les travaux de restauration, lancés il y a de cela un an et demi sont l'exclusivité du ministère de la Culture», précise M. Cherradi. Une enveloppe budgétaire de cinq millions et demi DH a été débloquée pour la réalisation des travaux de rénovation et d'aménagement du palais. Patty Birch a, quand à elle, contribué, à hauteur de dix millions de dirhams à la finalisation des travaux de muséographie. «Le musée qui devrait abriter un total de 3000 pièces sera doté de vitrines et d'éclairages spéciaux», explique Fayçal Cherradi. La collection de Patty Birch regroupe des pièces d'anciennes civilisations. On y retrouve des pièces archéologiques ainsi que des bijoux et des armes remontant aux civilisations crétoise, maya et chinoise. Les œuvres datent de 5000 ans avant J-C jusqu'à nos jours. Selon des sources proches du dossier, les collections d'autres musées marocains seront mises en valeur à l'occasion des expositions du futur musée. Tout dépend bien entendu de la programmation de cet espace qui devrait ouvrir ses portes en 2007. Pour assurer la mission de conservation et de programmation du futur musée Patty Birch, le ministère de la Culture a désigné Sakina Gharib, qui fut la conservatrice du musée de Marrakech,. Celle-ci n'a pas encore pris ses fonctions, elle n'a encore pas signé de contrat avec le ministère, mais selon des sources de la délégation de la culture à Marrakech, cela ne devrait pas tarder. La collection Patty Birch a été déjà acheminée au palais et le dispositif de sécurité est opérationnel. Les travaux de muséographie sont en cours, en collaboration avec une équipe d'experts venus du Metropolitan Museum de New York, aux USA. Il n'en fallait sans doute pas moins. Un peu d'histoire "Dar El Bacha" incarne une époque difficile pour l'unité nationale du Maroc sous le protectorat français. Le palais, construit au début du XXème siècle, fut la résidence de Thami El Glaoui qui apporta une aide décisive au maréchal Lyautey. El Glaoui est nommé pacha de Marrakech par un Dahir du Sultan Mohammed V. En décembre 1950, El Glaoui demande à Mohammed V de ne plus “suivre“ le Parti Istiqlal favorable à l'indépendance. Cela finira bien mal pour le pacha… Dar El Bacha est considéré comme l'un des plus beaux Palais de Marrakech. A l'entrée principale, un long couloir s'offre aux visiteurs qui découvrent le plafond aux zelliges multicolores et une architecture de style andalou. Une porte en bois de cèdre est gravée d'une étoile symbolique du Maroc. En avançant vers la droite, les premières portes en cèdre travaillé, les chapiteaux sculptés et peints à l'aide de pigments naturels (coquelicot, indigo ou safran) s'offrent aux regards. Le plafond rivalise de couleurs et de formes : en bois de cèdre, aux poutres et solives apparentes ou à caissons aux motifs géométriques et floraux qui rappellent par leurs dessins et leurs couleurs les tissus tendus sur les banquettes originelles. Zelliges et stucs ciselés revêtent les colonnes ; géométrie rigoureuse de polygones étoilés, frises à fleurons en forme de losange ou en "griffes de lion" recouvrent les colonnes.