Le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, a lancé un ultimatum de deux semaines au Hamas pour accepter une plate-forme politique, faute de quoi il pourrait dissoudre le gouvernement actuel. Une tension crescendo, une crise financière aiguë et un isolement quasi-total, les territoires sous autorité palestinienne, et surtout la bande de Gaza toujours assiégée par l'artillerie de l'occupant israélien, poursuivent leur descente aux enfers. Pour trouver une sortie de l'impasse, le président Mahmoud Abbas (Abou Mazen) a un champ de manœuvre très limité. Devant l'entêtement du mouvement islamiste radical Hamas, le chef de l'Autorité palestinienne a vu tous ses efforts partir en fumée. Des semaines et des semaines de négociations n'ont abouti à rien. D'où sa décision de donner deux semaines au Hamas pour accepter une plate-forme politique modérée, faute de quoi il pourrait dissoudre le gouvernement. La Loi fondamentale, la constitution de l'Autorité palestinienne, donne à son président le pouvoir de proclamer l'état d'urgence et de nommer pour une durée d'un mois un gouvernement sans le soumettre à l'approbation du Parlement (actuellement dominé par le Hamas). L'entourage de M. Abbas évoque, cependant, depuis plusieurs jours la possibilité de l'organisation d'élections présidentielle et législatives anticipées pour mettre fin à la crise. Le Hamas refuse que le programme d'un gouvernement d'union comporte une reconnaissance d'Israël ou des accords israélo-palestiniens passés. D'ailleurs, le président palestinien a laissé la porte ouverte à des élections anticipées. L'ultimatum de M. Abbas est intervenu juste avant sa rencontre avec la secrétaire d'Etat américaine Condoleezza Rice. De son côté, la secrétaire d'Etat américaine a voulu se montrer solidaire du peuple palestinien. «Nous sommes très préoccupés par la situation humanitaire et économique dans les territoires palestiniens. Nous sommes très tristes de voir, en cette période de Ramadan, de nombreux Palestiniens privés des besoins de base et j'ai fait savoir au président Abbas que nous allions redoubler d'efforts pour améliorer les conditions de vie du peuple palestinien. Le Quartette en a parlé, nous en avons parlé la nuit dernière et nous voulons travailler dans ce sens», a-t-elle déclaré. Depuis la victoire du Hamas aux élections de janvier dernier, les Etats-Unis et l'Union européenne ont gelé leurs subsides à l'Autorité palestinienne, provoquant une crise financière et sociale sans précédent dans les territoires. Le Premier ministre Ismaïl Hanyieh, pour sa part, a dénoncé la politique unilatérale des Etats-Unis dans la région, déclarant que les Américains ne prêtaient pas attention aux souffrances des Palestiniens et ne cherchaient qu'à servir leurs propres intérêts et ceux d'Israël. Al-Qaïda débarque en Palestine ? Un groupe se nommant lui-même «Al-Qaïda en Palestine» a mis mercredi en ligne sur un site Internet un enregistrement vidéo dénonçant ceux qui «travaillent au service des Juifs et des Chrétiens». La vidéo, qui dure cinq minutes, contient des images déjà diffusées d'Oussama ben Laden et d'Abou Moussab al-Zarqaoui, ainsi que celles d'un homme masqué assis à côté d'une arme automatique et un lance-grenades. «Mes paroles sont dirigées contre ceux qui annoncent le blasphème contre l'Islam et qui sont alliés avec les ennemis de Dieu et de la religion et travaillent au service des Juifs et des Chrétiens», déclare cet homme.