Réunis avec le ministre de l'Equipement et du Transport, Karim Ghellab, les opérateurs privés ont désapprouvé, lundi, le plan d'attribution des terminaux du port de Casablanca. Le plan de partage des terminaux du port de Casablanca n'a pas reçu l'approbation des opérateurs du secteur privé. Réunis, lundi 18 septembre 2006, avec Karim Ghellab, ministre de l'Equipement et du Transport, les armateurs et les manutentionnaires ont estimé que le schéma présenté par la tutelle favorise la future SODEP (Société d'exploitation des ports) au détriment du consortium récemment formé par les opérateurs du privé. En fait, le ministère et la direction des Ports qui n'ont pas présenté un document écrit, proposent de confier le terminal Est à la SODEP alors que le terminal Tarik et le môle des agrumes seront cédés au groupement privé. «Ce qui, selon le Commandant Mohamed Karia, président de l'IMTC , fausserait fortement la concurrence ». Le terminal Tarik ne peut pas traiter au-delà de 70 000 à 80 0000 conteneurs alors que le groupement constitué revendique une capacité de traitement de 450 000 tonnes. «Nous serons obligés de traiter à travers la SODEP tous les gros bateaux d'un tirant d'eau supérieur à 7m avec la future SODEP », renchérit M. Karia pour qui le plan proposé actuellement est loin du texte sur la libéralisation maritime approuvé l'année dernière au Parlement. Un avis partagé par nombre d'armateurs et de manutentionnaires. Ce n'est en tout cas pas le môle des agrumes, lequel a failli être transformé en boulevard dans les nombreux schémas d'aménagement de la corniche de Casablanca, qui va rétablir l'équilibre entre la future SODEP (qui démarrera incessamment) et ses éventuels concurrents. Qui plus est, les opérateurs n'auront pas le droit de traiter des conteneurs dans ce môle dédié aux agrumes et divers . «De plus, renchérit un autre opérateur, nous aurons des problèmes d'espace puisque ce môle est trop exigu au terminal des rouliers. Cela va retarder certainement les opérations de chargement et de déchargement». Autres raisons des réticences des opérateurs affectés à ce secteur du port de Casablanca, le fait que le blé a été déjà donné en concession ainsi que le charbon. Pour d'autres comme le fer, il faut avoir des grues de 38 tonnes, un équipement dont seule la SODEP pourrait disposer. Il est claire, poursuit le même opérateur, que ce n'est pas avec le bois d'Afrique tout seul, que nous ferons jeu égal avec la SODEP. Bref, la prochaine réunion prévue jeudi avec cette fois-ci la direction des Ports s'annonce chaude. «Nous sommes pour la libéralisation, mais avec l'application de la loi votée au Parlement», renchérit un membre du consortium formé par l'IMTC, la Comanav, les stevdores et les dockers. La grosse part revenue à la SODEP s'explique, selon les informations, par les craintes du ministère de mener cette entreprise issue du public à la faillite. En fait, explique un cadre du ministère qui suit le dossier de près, il faut replacer les choses dans leur contexte. «La concurrence ne sera pas faussée. Le schéma proposé prend en compte le fait que les deux opérateurs n'ont pas la même capacité. La SODEP qui ne fait pas de manutention à bord contrairement à ses concurrents, contrôlait quand même 70% des parts de marché de la manutention, avec les charges y afférentes. Ne pas tenir compte de cet équilibre revient à mettre cette entité en péril ».D'autre part, poursuit-il, «une réforme ne se fait pas en un seul jour. Nous sommes actuellement en phase de transition et de négociation. Petit à petit la concurrence se mettra en place». Les opérateurs du privé auront-ils la patience d'attendre ? A condition, répond-on du consortium d'avoir un «fenêtrage» sur le terminal Est. Cette exigence a été rappelée hier dans la matinée lors d'un second round de négociation entre d'une part la Comanav, l'IMTC, l'Assamat et d'autre part, Mohamed Jamal Benjelloun, directeur des ports. Si le schéma proposé est validé, les opérateurs du privé prendront le Terminal Tarik pour une concession de 30 ans avec une possibilité d'extension de 15 ans.