Le torchon brûle de nouveau entre les avocats de la défense des membres du réseau Khattab et le ministère de la Justice. Les hommes en noir considèrent que les droits de la défense ont été bafoués. Ils affirment ne pas avoir eu copie de tous les dossiers. La brouille s'installe de nouveau entre le Parquet de Rabat et les avocats de la défense des membres de "Jamaât Ansar Al Mahdi". Les avocats concernés ont adressé, mardi dernier, une lettre de protestation à Mohamed Bouzoubaâ où ils se soulèvent contre le fait qu'ils n'aient pas été avertis du report de l'instruction détaillée prévue initialement le même mardi 12 septembre 2006. Ils s'élèvent aussi contre l'interdiction, affirment-ils, d'avoir accès à tous les dossiers concernant les membres présumés de "Ansar Al Mahdi". «Le procureur général a décidé de nous priver de notre droit de disposer d'une copie de tout le dossier alors que c'est un droit garanti par tous les textes et conventions internationaux dont ceux régissant la Cour pénale internationale», affirme un avocat du barreau de Rabat qui ajoute qu'il s'agit-là d'une première dans l'histoire de la justice marocaine. L'interdiction en question, explique un autre avocat, a fait l'objet d'une circulaire du procureur général. «Nous ne laisserons pas passer un tel dépassement», menace Abdelfettah Zahrach, avocat de plusieurs personnes poursuivies dans le cadre de cette affaire et notamment de trois gendarmes et d'un officier de la DGSN. «Si c'est pour faire barrage aux fuites médiatiques attribuées aux avocats, pourquoi le ministère de la Justice n'ouvre-t-il pas une enquête pour éclairer l'opinion publique ?», s'interroge Me Zahrach qui fait allusion aux multiples déclarations de plusieurs officiels juste après le démantèlement dudit réseau. De sources judiciaires indiquent que le report, à une date non encore déterminée, de l'instruction détaillée trouve ses raisons dans l'absence des deux juges d'instruction compétents. L'un des magistrats se trouve en déplacement à l'étranger pour les besoins de l'exécution d'une commission rogatoire alors que celui qui devait le seconder a été appelé à prendre part à une conférence internationale. Les avocats, en colère, affirment comprendre l'absence des deux magistrats, mais ils protestent néanmoins contre le fait qu'ils n'aient pas été avertis, ni consultés. Les arrestations des membres de "Jamaât Ansar Al Mahdi" ont débouché sur un bras de fer entre le Parquet et les avocats de la défense. Deux d'entre eux notamment ont été appelés à s'exprimer, il y a deux semaines, sur leurs déclarations aux médias au cours desquelles ils avaient remis en cause le travail des services de sécurité et de la justice. Abdelfettah Zahrach et Toufik Moussaïf Benhammou avaient déclaré que le dossier était "monté de toutes pièces". C'est ce qui leur avait valu une convocation du procureur général. Ne s'étant pas expliqué sur leurs déclarations dans les délais impartis, Abdelfettah Zahrach avait été entendu par la police judiciaire. Le Parquet n'a pas encore décidé des suites à donner à cette affaire.