Le blocage d'une cargaison de riz américain dans un port européen relance les interrogations sur les risques des OGM. Le Maroc est-il épargné ? L'Union européenne a interdit, mercredi 23 août 2006, l'importation du riz à long grain américain parce qu'il pourrait contenir des Organismes génétiquement modifiés (OGM). Une mesure préventive justifiée par le principe de précaution, l'UE disant ne pas disposer d'assez d'informations pour décider si ce riz est sain ou non pour l'homme. Exigence est faite notamment aux Américains de certifier que toutes les cargaisons de riz à long grain ne contiennent pas des OGM. Ce qui pour le moment, est loin d'être le cas, Washington ayant fait savoir que des traces d'un riz génétiquement modifié «LLRICE 601», non autorisé ont été découvertes dans des échantillons à usage commercial. Les Etats du Missouri et de l'Arkansas sont particulièrement concernés. A noter que l'UE importe près de 300 000 tonnes de riz américain, dont 85% de la variété à long grain. Quant au Maroc, il importe du pays de l'Oncle Sam, du maïs, du blé, des huiles végétales brutes et des graines et fruits oléagineux. Ces produits sont-ils exempts de tout OGM ? Le microbiologiste marocain, Mohamed Essadki, auteur de plusieurs travaux sur les contrôles phynosanitaire, est prudent : «en principe, tous les produits sont soumis à des critères d'analyse pour détecter un produit OGM. Les Américains eux-mêmes soumettent tout produit alimentaire à des contrôles draconiens». Pas de réponse claire non plus ni au Service des contrôles métrologiques et de la réglementation dépendant du ministère du Commerce, de l'Industrie et de la Mise à niveau de l'économie, ni à la Division de la répression des fraudes. Même silence auprès de quelques membres de la Fédération nationale des importateurs de céréales et de légumes. Côté législatif, introduire ou produire l'OGM n'est pas formellement interdit au Maroc. Seule une circulaire du ministère de l'Agriculture datant de 1999 interdit l'introduction sur le territoire national de produits et préparations alimentaires comportant des produits issus d'OGM. Seuls des produits, tels que le maïs, destinés à l'alimentation animale sont admis . «La publication de cette circulaire, précise un scientifique, n'a pas été accompagnée par la mise sur pieds de moyens de contrôle. En attendant, bien que le projet de loi sur la biodiversité soit passé, celui portant sur le contrôle et l'utilisation et la dissémination des OGM n'a toujours pas vu le bout du tunnel». Selon des sources concordantes, ce projet composé de 21 articles répartis en six chapitres, aurait permis au Royaume d'aligner sa législation sur les directives européennes pertinentes et la loi française de 1992, tout en se mettant au diapason des dispositions du Protocole de Cartagène que le Maroc a signé le 5 mai 2000 à Naïrobi. « Il n'en est encore rien», nous a certifié l'un des membres de la commission parlementaire de l'Agriculture. C'est quoi un OGM ? L'OGM est défini par la réglementation européenne comme "un organisme dont le matériel génétique a été modifié d'une manière qui ne s'effectue pas naturellement par multiplication et/ou par recombinaison naturelle" . Il s'agit des techniques de génie génétique qui permettent de transférer dans le patrimoine d'un organisme un ou plusieurs gènes apportant une caractéristique nouvelle. Les techniques de génie génétique peuvent être appliquées aussi bien sur des organismes animaux ou végétaux que sur des micro-organismes. Les gènes introduits, du fait notamment de l'universalité du code génétique, peuvent provenir de n'importe quel organisme : virus, bactérie, levure, champignon, plante ou animal.