La plupart des gros intervenants du secteur avicole adoptent l'intégration verticale comme stratégie de développement. Des choix jugés pertinents par les analystes. Les perspectives de développement sont encourageantes pour l'aviculture marocaine. C'est ce que révèle une récente étude du département des Etudes et de la Documentation de BMCE Bank. En effet, avec d'une part une consommation marocaine d'à peine 15% de protéines d'origine animale par habitant, contre 20% recommandés par l'OMS, et, d'autre part, un prix compétitif, l'aviculture a une marge d'évolution importante. En outre, estiment les auteurs de l'étude, la signature de l'ALE avec les Etats-Unis aura un impact réel sur les cours des matières premières, notamment ceux du maïs et du soja, deux produits essentiels pour la production avicole. Ces facteurs pris en compte, l'étude estime probable la poursuite de la tendance baissière des prix de la volaille pour atteindre 9 DH le kilogramme à l'horizon 2010. D'autre part, les nouvelles normes sanitaires qui vont entrer en vigueur au premier trimestre 2007 donneront plus d'activité aux abattoirs, lesquels tournent actuellement à seulement 15% de leur capacité. D'ici quatre ans, le Maroc aura besoin de 40 abattoirs. L'on assistera donc, compte tenu des nouvelles normes sanitaires, à une dynamisation du formel et à de plus en plus d'investissements. La tendance à l'intégration verticale (87% des entreprises avicoles aux USA et 2/3 en France) sera certainement suivie par les producteurs marocains. L'étude passe justement en revue les derniers investissements réalisés dans le secteur à travers une analyse micro-économique détaillée. Ainsi, un gros acteur comme Alf Sahel s'est lancé dans un ambitieux plan de développement de la capacité de production, évoluant de 7000 à 20 000 tonnes par mois Ce choix managérial est directement à l'origine de l'augmentation du chiffre d'affaires d'Alf Sahel, en croissance de 110,47% en 2004. «Cette hausse s'explique principalement par une diversification de l'activité », note l'étude qui souligne par ailleurs que l'entreprise a, de ce fait, enregistré une progression de 386,70% de son résultat d'exploitation consécutif à une baisse importante des dotations d'exploitation. A l'inverse de cet acteur engagé dans l'intégration, l'étude prend en exemple INAAM (Industrie d'alimentation animale moderne), second fabricant domestique d'aliments pour bétail et volaille au Maroc avec 93% de la production concentrée sur l'alimentation pour volaille. Celle-ci s'est fortement développée au cours des années 90, passant de 100.000 tonnes en 1990-91 à 250.000 tonnes en 1996-97. Mais, note l'analyse, «l'effort d'investissement entamé par INAAM s'est traduit par une hausse des dotations d'exploitation, impactant le résultat net ». En gros, les auteurs de l'étude trouvent plus pertinente une démarche orientée vers l'intégration verticale. Choix retenu par le management de Cicalim, entreprise dont les gérants comptent procéder à une intégration verticale de la production de la volaille, de l'élevage de poussins et à la mise sur le marché du produit fini. Ainsi, Cicalim s'est engagée dans un investissement de remplacement, visant le renforcement de l'encadrement ainsi que la réduction des charges de personnel. L'enveloppe globale dédiée à ce projet est estimée à 185 millions de dirhams, répartie sur l'extension de l'usine, la réalisation d'un couvoir et d'un abattoir et le lancement de l'activité élevage. Une telle répartition permettrait une meilleure gestion des risques.