Le Festival national de théâtre (FNT) fait appel pour la première fois à des personnalités étrangères pour départager les douze troupes marocaines en compétition pour le grand sacre. Un simple acte d'ouverture? Ou s'agit-il d'un véritable coup de théâtre ? Signalons, en passant, que depuis la création il y a huit ans du Festival national de théâtre, la composition du jury est restée 100% marocaine. Or, pour la huitième édition de ce festival, prévue du 20 au 27 juillet, le ministère de la Culture a fait appel, pour la première fois, à de célèbres personnalités arabes de la pratique théâtrale. Une «tournure» que l'on ne peut mettre sur le compte du hasard, quand on sait, pertinemment, que d'illustres anonymes nationaux ayant fait partie des jurys précédents ont pris, dans un élan narcissique et nihiliste, le malin plaisir de «mettre sous réserve» des prix décernés par le FNT, y compris le Grand Prix. Pour s'en rendre compte, il suffit de rappeler que le jury du 7ème FNT, présidé par Hassan Al Joundi, avait annoncé, à la surprise générale, l'annulation du Grand Prix et du prix de la meilleure interprétation féminine. Cette décision avait été jugée «incongrue», voire « injuste», par les participants et par les critiques de théâtre, sachant que la saison précédente s'était illustrée par des représentations de qualité. Pour s'en rendre compte là encore, il aura suffi de voir, entre autres, les pièces «B'nat Lalla Mennana» (Troupe Tacon, Rabat, «La Dernière Danse » (Théâtre des Sept, Meknès), «Ours Al Ankabout» (Masrah Noun, Khémisset), «Soltane Tolba» et «Dar Laman» (Troupe régionale de Rabat-Zemmour-Zaër). Aucune de ces brillantes pièces n'a pourtant mérité le Grand Prix. La décision controversée du jury ne devait avoir, aux yeux de plusieurs observateurs, qu'une seule et unique explication: discréditer la néanmoins fructueuse expérience de la politique de soutien à la production et à la promotion théâtrale, initiée par le ministère de la Culture. En faisant aujourd'hui appel à des jurés arabes, de l'étoffe du metteur en scène irakien Badri Hassoun Farid, ou encore de l'acteur algérien Agoumi Sidi Ahmed, les organisateurs ont pratiquement fait un cinglant pied de nez à une poignée d'arrivistes qui, par ailleurs, ne veulent voir qu'un «simple exercice scolaire» dans les nouvelles tendances théâtrales, incarnées, principalement, par les lauréats de l'ISADAC. Dédiée au dramaturge Abdesslam Chraïbi, qui nous a cruellement quittés il y a quelques mois suite à un accident de la circulation, cette édition se démarquera, également, par la participation de la troupe algérienne «Addiwane Ryad Al Fath», qui donnera, en marge du festival, une représentation de sa nouvelle pièce «Hatta l'tam» (Jusque-là). Toujours en marge du festival, deux trophées d'hommage seront décernés à deux figures de la pratique théâtrale nationale, en l'occurrence Mohamed Al Khalfi et Naïma Lemcharki. S'agissant, maintenant, des spectacles en compétition, ils sont au nombre de douze : «Lebssaytia» (Atelier de création Drama, Marrakech), «Ma chaf ma ra» (Troupe du spectacle libre, Meknès), «Achamaâ» (Troupe Daba Masrah, Rabat), «Nostalgia» (Aphrodite, Rabat), «H'na tah louiz» (Troupe Standard, Rabat), «Protocole» (Théâtre Dimensions, Casablanca), «Ramad Amjad» (Théâtre City, Salé), «Arrih» (Troupe Fadae Alliwa, Casablanca), «Al Hidae» (Théâtre Noun, Khémisset), «Moi et Juliette» (Troupe Bassamat, Agadir), «Kharboucha oula blach» (Noujoum Al Wafa, Marrakech) et «Othello gho Agadir» (Atelier Comédiana, Inezgane). En marge de festival, six représentations sont au programme. On peut citer, entre autres, «Daïfallah» (Troupe Masrah Al Madina) et «Qadi haja» (Masrah Acadima, Marrakech).