Jan Ullrich, le plus grand espoir depuis Lance Armstrong, a enfin le champ libre pour atteindre son but : remporter une seconde fois le tour de France. Jan Ullrich en est conscient: gagner un second Tour de France à 32 ans, neuf ans après le premier, n'est pas un défi commun. Depuis son premier sacre en 1997, Ullrich ne semble jamais avoir été aussi près de retrouver les Champs-Elysées maillot jaune sur le dos. Il est en forme, il a le soutien d'une belle équipe et il est débarrassé de son grand rival Lance Armstrong. Une fois vainqueur, six fois deuxième, jamais plus mal classé que quatrième, son palmarès dans le Tour de France est impressionnant et tous les coureurs qui s'élanceront le 1er juillet s'en contenteraient volontiers. Lui, le prodige de la fin des années 1990, ne peut s'en satisfaire. Selon certains, sa carrière atypique a même tourné à un gâchis que seul effacerait un nouveau succès. Dans son duel jamais gagné face à Lance Armstrong, Ullrich a démontré qu'il était l'exacte antithèse du Texan. L'Américain était un innovateur technique, un formidable stratège, un parfait professionnel capable de se mobiliser des mois entiers, de fédérer une équipe. L'Allemand n'a jamais su s'imposer une discipline de fer. Ses régimes annuels pour éliminer les kilos pris pendant l'hiver en sont la preuve. Ses absences prolongées, ses frasques nocturnes, ses mauvais choix, son manque d'intérêt à progresser techniquement, ses ratages stratégiques ont nui à son énorme potentiel physique. Il semble cette année avoir fait le bon choix: disputer le Tour d'Italie, où il a retrouvé le goût de la victoire en s'imposant dans le contre-la-montre. Plus significative encore a été sa victoire dans le Tour de Suisse. Sur la route du Tour, le premier des adversaires d'Ullrich devrait être Ivan Basso. L'Italien est meilleur grimpeur que ne l'est l'Allemand qui n'a jamais su se remettre en question techniquement. Ce sera en tout cas définitivement un choc explosif.