Le tribunal de première instance de Marrakech a décidé, vendredi 23 juin, le report au 3 juillet prochain du procès d'Ahmed Yassine, l'enfant martyrisé par sa mère adoptive. Les avocats de la victime ont demandé que l'affaire soit jugée par la Chambre criminelle près de la Cour d'appel. L'affaire Ahmed Yassine, l'enfant qui a été emprisonné pendant trois ans avec des chiens et des chats sur le toit d'une maison du quartier Bab Doukala à Marrakech, suscite toujours l'indignation des habitants de la ville ocre. Les Marrakchis, profondément émus et bouleversés par ce scandale inhumain, ont tenu à assister en masse au procès dans lequel est accusée Zahra G, la mère adoptive du petit Yassine, de séquestration, torture et maltraitance. Vendredi 23 juin, au tribunal de première instance de Marrakech, la salle d'audience était archicomble ce jour-là. Le petit Yassine n'a pas assisté à l'audience vu son état de santé. Lors de leur plaidoirie, les avocats de la victime ont demandé que l'affaire soit jugée par la Chambre criminelle près de la Cour d'appel. "L'accusée doit être jugée pour crime et non pour un délit. Les actes qu'elle a commis sont inhumains. Elle a emprisonné l'enfant dans des conditions ignobles pendant une longue durée. Elle le maltraitait, ce qui a entraîné de graves conséquences sur son état de santé", indique l'un des avocats de la victime, Abdelhamid Al Madhoun, membre de l'Association marocaine des droits humains (AMDH), constituée partie civile dans ce dossier. Et d'ajouter : "L'enfant présente des difficultés d'élocution. Son état de santé physique est très grave". À la fin de la séance, le président du tribunal a décidé le report au 3 juillet prochain du procès, qui a débuté le 16 juin, et a ordonné une expertise médicale générale pour évaluer la gravité du préjudice subi. L'affaire, dans laquelle est impliquée une femme âgée de 55 ans, remonte au 31 mai dernier, lorsqu'un voisin du quartier avait découvert le jeune enfant délaissé sur le toit d'une demeure de l'ancienne Médina de Marrakech dans un état de santé en détérioration avancée. Très maigre et de petite taille, l'enfant, au visage déformé, souffre de malnutrition. Il présentait également des traces de morsures de chiens sur plusieurs parties de son corps. L'enfant victime a aussi perdu l'usage de la parole pour avoir longtemps vécu parmi des bêtes domestiques sans aucune assistance. Né hors mariage, Ahmed Yassine a été élevé jusqu'à l'âge de trois ans par sa tante. Cette dernière, ne pouvant plus subvenir à ses besoins, l'a confié à Zahra. G, une amie de la famille depuis de longues années. La mère biologique de l'enfant s'est mariée entre-temps et a eu deux enfants après la naissance d'Ahmed. D'après les dires des voisins, Zahra. G, ex-secrétaire du procureur du Roi à Marrakech, était très respectée dans le quartier. Elle venait en aide aux personnes dans le besoin. Personne n'aurait cru qu'elle serait capable d'une telle cruauté. Ayant pris connaissance des faits, un grand nombre d'associations œuvrant dans le domaine de l'enfance se sont présentées pour soutenir Ahmed Yassine et assurer sa défense dont l'Association marocaine des droits humains (AMDH). Il est à rappeler qu'Ahmed Yassine est pris en charge actuellement par une équipe médicale multi-spécialiste à l'hôpital militaire de Rabat.