Le Maroc a fait sensation à l'occasion de la Foire internationale d'Alger où il a su mettre en valeur ses atouts sous le regard visiblement sincère du pays hôte. Le Royaume est en train de cartonner à la 39ème édition de la Foire internationale d'Alger ( 1er au 8 juin) où il participe pour la deuxième fois consécutive. En marge de cet événement, la journée du Maroc, inaugurée par des responsables marocains, aura permis de montrer le potentiel économique du pays et ses atouts culturels dans une atmosphère décontractée et bon enfant. Geste qui doit aller au-delà d'une simple formalité diplomatique, une délégation ministérielle algérienne a fait le déplacement pour prendre part à une soirée de gala rehaussée de défilé de mode donnée à l'occasion. Belles images de retrouvailles de pays frères que tout doit normalement rapprocher mais que le pseudo-conflit du Sahara créé par l'Algérie maintient loin des chemins de la coopération et du bon sens. Avec tout ce que cela génère comme énergie et temps perdus à se neutraliser fidèlement. Et d'opportunités économiques et commerciales inexploitées. Un milliard de dollars. C'est ce que coûte d'ailleurs chaque année à l'économie algérienne de ne pas être intégrée sur le plan régional. Et c'est un vice-président du Forum des chefs d'entreprises algériens, Réda Hamiani, qui avoue ce manque à gagner énorme lors de la rencontre des opérateurs économiques du Maroc et d'Algérie à l'occasion de la foire. Un manque à gagner autrement important pénalise certainement l'économie marocaine et celles des autres pays du Maghreb dont les échanges ne dépassent pas 2% du volume de leur commerce extérieur. C'est dire… M. Hamiani a conclu son intervention en plaidant pour "le dépassement des contingences imposées et toutes les vicissitudes" qui freinent l'initiative privée de part et d'autre. Un point de vue entièrement partagé à Rabat. Mais encore faut-il que l'hypothèque sur l'avenir de la région décrit par l'intéressé en des termes allusifs soit levée par l'Algérie. Cette hypothèque a un nom : le pseudo-conflit du Sahara qui continue à empoisonner les relations maroco-algériennes et à retarder l'intégration maghrébine que tout le monde appelle de ses vœux, y compris les partenaires européens des deux frères-ennemis. Le chef de la diplomatie espagnole, Miguel Angel Moratinos, a appelé, à l'occasion d'un séminaire animé le 26 mai en Espagne sous le thème “Le coût du non-Maghreb“, à résoudre le problème du Sahara “dans le cadre de l'UMA“ qu'il trouve idéal. Mais cette dernière est restée justement un projet mort-né à cause de cet obstacle. La quadrature du cercle. Comment construire un ensemble régional fort et uni, prospère et développé, avec un boulet dans le pied doublé de la mauvaise foi de celui qui est censé être votre partenaire ? Comment esquisser un début de réconciliation sans un minimum de gage de sincérité que peut être dans un premier temps l'ouverture de la frontière terrestre restée fermée depuis 1994 à cause de l'obstination des autorités algériennes ? Sans mesures de confiance préalables, il est très difficile de rapprocher les deux voisins sur des bases solides. Comment enfin agir de telle sorte que des initiatives constructives comme la Foire internationale d'Alger se substituent à la sempiternelle foire d'empoigne politico-diplomatique au sujet de la question du Sahara dont les responsables algériens ont décidément du mal à faire l'économie…