Le Pentagone a publié, mercredi 19 avril, une liste des noms et nationalités de 558 personnes qui sont ou ont été détenues dans la prison américaine de Guantanamo. Neuf Marocains figurent sur la liste. Le secret se lève sur la base américaine de Guantanamo. Contraint par la justice, le Pentagone a publié, mercredi 19 avril 2006, pour la première fois une liste des noms et nationalités de 558 personnes qui sont ou ont été détenues sur la prison américaine de Guantanamo sur l'île de Cuba dans le cadre de la «guerre contre le terrorisme». La liste, consultable en ligne, recense, sans commentaires, une série de noms, numéros d'identification et nationalités. Elle est disponible sur le site Internet du ministère de la Défense américain. Neuf Marocains figurent sur cette liste de détenus dont le statut de «combattant ennemi» a fait l'objet d'une audience devant un tribunal militaire d'exception. Outre Mohamed Belmoujane, Younès Chekkouri, Najib Lahssini, Mohammed Souleïmani Laalami, Ahmed Errachidi, Saïd Boujaâdiya et Ikassrin lahcen ; deux autre noms apparaissent. Il s'agit de Hassan Mohammed Houcine Ali et Nacir Abdelatif. Le document ne comprend pas les noms d'environ 140 personnes qui ont été, d'après la presse, amenées à la base de Guantanamo et ensuite libérées, avant d'avoir été traduites par le Pentagone devant les tribunaux d'exception. D'autres détenus libérés ne paraissent pas sur la liste. Il s'agit notamment des cinq Marocains : Abdellah Tabarek, Redouane Chakkouri, Mohamed Ouzare, Ibrahim Benchekroun et Mohamed Mazouz. Actuellement, Ibrahim Benchekroun et Mohamed Mazouz sont poursuivis par la justice marocaine pour leur implication présumée dans l'affaire de la cellule Mohamed R'ha, un Belge de nationalité marocaine, poursuivi dans le cadre de la loi antiterroriste. Les détenus figurant sur la liste proviennent de 40 pays, répartis entre le Proche-Orient, l'Afrique, l'Asie centrale et l'Europe. Le plus grand nombre vient d'Arabie saoudite, pays dont 130 détenus à Guantanamo sont originaires. En outre, 125 détenus sont Afghans, plus de 100 sont Yéménites, 25 sont Algériens, 22 Chinois et 13 Pakistanais, et d'autres, en plus petit nombre, viennent du Tchad, des Maldives, de Russie ou d'Ouzbékistan. Une soixantaine de détenus figurant sur cette liste ont été libérés ou transférés dans leur pays d'origine après comparution devant un tribunal d'exception, mais environ 490 d'entre eux restent toujours emprisonnés sur la base navale américaine de la pointe sud-est de Cuba. Le Pentagone avait mené, pendant quatre ans, une longue bataille menée pour garder secrètes les informations sur ses prisonniers. L'Administration américaine refusait de confirmer les noms des détenus identifiés par leurs proches ou des organisations, et même les identités de ceux qui avaient été libérés, afin, selon Washington, d'éviter des représailles. À la suite d'une requête déposée cette année par l'agence de presse américaine Associated Press, il a finalement été sommé par un juge fédéral de publier les transcriptions des interrogatoires des prisonniers sans en effacer les noms et les nationalités. Le mois dernier, 7600 pages de transcriptions d'auditions ont été rendu publiques, à partir desquelles a pu être établie la liste publiée mercredi. Le camp de Guantanamo, ouvert en janvier 2002, accueille principalement des détenus capturés en Afghanistan quelques mois plus tôt. À partir de juin 2004, les autorités américaines ont arrêté le transfert des détenus vers Guantanamo pour échapper à un verdict de la Cour suprême permettant aux prisonniers de saisir les tribunaux américains. Les nouveaux «combattants ennemis» sont à présent conduits dans une prison afghane où les conditions de vie sont plus pénibles que celles de la base cubaine. À noter que les conditions d'incarcération et le maintien en détention indéfinie de suspects non inculpés ne cessent de susciter la controverse dans le monde. Mais l'Administration Bush a jusqu'à présent ignoré tous les appels, jusqu'à celui de l'ONU, à juger les prisonniers au plus vite ou à les libérer.