À peine une trentaine d'entreprises ont souscrit au fonds Foman pour la mise à niveau. Les différents partenaires sont perplexes. Ni l'Union européenne ni la partie marocaine ne comprennent le peu d'engouement des entreprises pour Foman, le fonds européen dédié à la mise à niveau. À ce jour, seuls 29 dossiers ont atterri à la CCG (Caisse Centrale de Garantie) après un transit par le système bancaire marocain. Où se situe donc le goulot d'étranglement ? Le fonds a pourtant été mis en place après un diagnostic précis des besoins du tissu entrepreunarial marocain. Le Foman finance l'assistance technique (fonctions d'entreprise, qualité, management) à des conditions très avantageuses. Ainsi, l'entreprise n'apporte plus que 10% (c'était 20% initialement), contre 50% pour la banque et 40% pour le Foman. Pour ne pas faire supporter la totalité du risque au système bancaire marocain, les prêts sont garantis jusqu'à hauteur de 60% par la CCG. Le Foman intervient aussi à 40% (taux d'intérêt de 2%) dans la partie de l'investissement matériel pour la mise à niveau (siège, matériel). L'objectif, explique Latifa Echihabi, directrice de l'Agence nationale de la promotion de la PME, est d'arriver à un taux d'intérêt final de 5 à 6%. Pourtant, malgré ces conditions avantageuses, peu d'entreprises ont souscrit au Foman, un fonds comptabilisé sur l'aide accordée au Maroc par l'Union européenne. Pourtant l'ANPME a accompagné la mise en place du projet par un travail de promotion et de vulgarisation avec notamment la mise en place de réseaux régionaux et l'organisation de séminaires. Face au faible engouement, les différents partenaires avaient consentis à réviser les critères, en diminuant d'une part la participation de l'entreprise et d'autre part, en augmentant l'engagement du fonds et en élargissant le champ de couverture du Foman à l'investissement immatériel. Egalement pour accorder les violons avec l'air du temps, le Foman a intégré les besoins spécifique de mise à niveau du secteur textile, lequel aspire à passer de la sous –traitance vers la co-traitance. L'ANPME a même élaboré un système de coaching, pour aider les entreprises bancables à préparer leur dossier à adresser aux banques. «Peut-être, comme l'explique un responsable ministériel, il y a un certain nombre d'entreprises qui ont opéré leur mise à niveau à travers des systèmes autres que le Foman». Mais comment le savoir? L'une des grandes carences de la mise à niveau c'est l'absence des statistiques. Actuellement, sur les 40 millions d'euros, montant du Foman, l'agence nationale de la PME, détient 10%, tous dédiés à l'assistance technique. Ce montant, à titre indicatif, va être révisé en fonction des besoins. Si le Foman a encore du mal à vaincre les inerties, tel n'est pas le cas du fonds de restructuration financière mis en place début 2006 entre l'Etat marocain (220 millions de dirhams), et la coopération française (10 millions d'euros). Déjà, 45 entreprises sont dans le Pipe, indique l'ANPME. Les dossiers sont au stade de diagnostics pour certains, de choix de cabinet pour d'autres. Les procédures de ce fonds de garantie dédié à la mise à niveau financière (les dossiers doivent transiter par l'ANPME), sont complètement dématérialisées depuis janvier 2006 et téléchargeables via Internet (wwwanpme.ma). C'est peut-être l'une des raisons du succès.