L'espace « Actua » d'Attijariwafa bank abrite une exposition d'art vidéo qui s'inscrit dans le cadre du Festival international d'art vidéo qui se déroule actuellement à Casablanca. Des corps filmés dans toutes les positions, des tissus blancs, des mannequins en plastique ornent l'espace de la galerie Actua du siège d'Attijariwafa bank à Casablanca. Ces objets et ces décors font partie intégrante de l'installation vidéo qui se déroule jusqu'au 20 avril 2006. Lors de l'inauguration, le 21 mars, plusieurs jeunes étudiants de l'Ecole des Beaux arts de Casablanca sont venus en groupe observer deux installations, œuvres de plusieurs artistes. À l'entrée de la salle obscure, lieu des installations, le regard du spectateur se dirige rapidement vers des sortes de tables installées d'une manière anarchique. Ces tables ressemblant à des écrans géants reflètent des formes, des mouvements, synchronisés avec des bruits et des sons. En fait, ces écrans diffusent à travers des rétroprojecteurs des images transmises par un magnétoscope. D'après les membres du groupe, l'installation intitulée «Tavoli» représente six images allongées sur des tables et font sentir toute leur pesanteur. Immobiles, ou vibrant à peine, elles se secouent dès qu'elles sont touchées. Dans l'autre espace jouxtant cette installation, une autre exposition est présentée aux regards du public. Il s'agit de l'installation vidéo «Au-delà de la peau» présentée par le photographe et vidéaste Abdelghani Bibt. Originaire de Beni Mellal où il tient son atelier, cet artiste a donné une suite à ses travaux photographiques. «Au départ j'ai débuté par la photographie, mais j'ai fini par me spécialiser dans l'art vidéo», a-t-il expliqué. La raison de ce changement : un besoin d'exprimer du mouvement. «J'ai voulu donner du mouvement à mes images ». Résultat, la recherche vidéo de Abdelghani Bibt est composée par des images similaires à celles des radiographies et des imageries à résonances magnétiques. L'installation montre que de telles images réalisées par des outils technologiques fournissent une image affective du corps. Pour l'auteur, il s'agit de repenser « l'image du corps ». « Je voulais révéler comment est-ce que le corps est transgressé par la technologie », ajoute Abdelghani Bibt. Plus que le corps, c'est toute l'identité qui est transgressée, selon l'artiste. Pour monter cette installation, l'artiste a eu besoin d'un an pour faire aboutir son projet. L'idée est concrétisée à travers des radiographies ainsi qu'un caisson-sacrophage. Dans ce caisson, symbole du sarcophage humain, un corps mannequin en plastique allongé, et possède en guise d'une tête, un écran qui dévoile les rêves, les cauchemars et les fantasmes du corps allongé. Cet écran diffuse des signaux indiscernables, indéchiffrables. C'est tout un univers incompréhensible qui pousse au mystère. Une façon pour Abdelghani Bibt de repenser le monde de la technologie. Parcours de Abdelghani Bibt Abdelghani Bibt est né en 1967 à Beni Mellal. Après avoir décroché une licence en audiovisuel en 1993 à Rabat, il se rend à Arles en France pour un stage à l'Ecole nationale de la photographie. En 2005 il reçoit le Prix du Jury du Festival international de l'image artistique (FIAV) à Barcelone pour le film « Fragments ». Cela fait maintenant dix ans que cet artiste œuvre dans le domaine de l'art vidéo et a participé à plusieurs éditions du Festival international d'art vidéo d'abord en tant que créateur et ensuite en 2003 en tant que membre du jury. Actuellement Abdelgani Bibt encadre dans son atelier des jeunes gens voulant travailler sur un projet de photographie et de vidéo.