L'Assurance maladie obligatoire (AMO) est entrée en vigueur hier mercredi 1er mars. Mais son application reste marquée par certains blocages liés aux tarifs retenus par les gestionnaires et rejetés par les médecins du secteur privé. L'entrée en vigueur de l'Assurance maladie obligatoire (AMO) commence décidément sur une fausse note. En effet, les problèmes d'application, en particulier ceux relatifs à la tarification des prestations sanitaires, persistent alors que, officiellement, l'AMO est entrée en vigueur depuis hier mercredi. En effet, les médecins du secteur privé rejettent toujours en bloc la tarification des actes médicaux proposée par les gestionnaires de l'AMO à savoir la Caisse nationale de la sécurité sociale (CNSS) et la Caisse nationale des organismes de prévoyance sociale (CNOPS). La réunion, tenue mardi dernier avec les professionnels du secteur, présidée par le Premier ministre, Driss Jettou, n'a pu venir à bout des problèmes qui bloquent la mise en œuvre de l'AMO. Les négociations vont d'ailleurs reprendre la semaine prochaine entre les prestataires de services et les gestionnaires. Les deux parties auront ainsi jusqu'au 26 mars pour se mettre d'accord sur les points qui les divisent. Cette date, fatidique, est en effet le dernier délai de négociations. La loi prévoit qu'en l'absence d'un accord consensuel de l'ensemble des parti, les pouvoirs publics pourront agir par arrêté et produire la tarification. Ainsi, si le désaccord persiste, le ministre de la Santé, Mohamed Cheikh Biadillah, aura la lourde responsabilité d'arrêter un tarif prenant en considération la situation des professionnels, le coût des soins, l'équilibre financier des Caisses et le pouvoir d'achat de l'assuré. Mais tous les indicateurs portent à croire qu'on n'en arrivera pas là. Lors de la réunion de mardi, M. Jettou a en effet affirmé que la gestion de ce dossier a toujours pris en compte l'association des partenaires sociaux, syndicats et employeurs, pour parvenir à un consensus sur le niveau de contribution au régime de l'AMO. Pour leur part, les représentants du secteur de la santé ont qualifié de positifs les entretiens qu'ils ont eus avec le Premier ministre. À l'issue de cette réunion, les professionnels, dont des chirurgiens-dentistes, des biologistes médecins et des patrons de cliniques, se sont dit optimistes de voir le dialogue entamé autour de cette question. Un dialogue qu'ils espèrent voir aboutir dans les plus brefs délais. Les consultations qui vont suivre dans les jours à venir vont se pencher notamment sur la tarification des services, mais aussi sur la liste des médicaments non remboursables que les médecins du secteur privé contestent également. Selon le Professeur Naciri Bennani Mohamed, président du Syndicat des médecins du secteur libéral, cette liste est en fait «un handicap pour l'accès aux soins». «La prise en charge des citoyens n'est qu'un slogan, puisque l'AMO leur ferme la porte de l'accès aux soins et aux médicaments», dit-il. Pour Dr Anwar Cherkaoui, président de l'Association marocaine d'information médicale, «la liste des médicaments remboursables par la CNOPS, publiée dans le Bulletin officiel du 5 janvier 2006, souffre d'oublis vraiment préjudiciables pour la préservation de la santé». Pour preuve, il rappelle que le dernier médicament récent sur cette liste remonte à 30 ans. Pour lui, cette liste a fait régresser de façon « tragique» la prise en charge de certaines maladies. Autant de problèmes sont ainsi à prendre en compte pour que l'AMO ait enfin la cohésion de tous et que son démarrage se fasse sans ambages.