Dès le lendemain de l'arrivée de la délégation d'Amir Peretz au Caire, le général israélien Yaïr Navé a créé une véritable «tempête» politique. Le Roi du Maroc a reçu, le vendredi 17 février 2006, Amir Peretz, président du parti travailliste israélien (Avoda). Selon les commentaires marocains et israéliens, on pensait qu'il avait été reçu, seulement, parce qu'il était, «le Marocain», né à Boujaâd. Mais dès le mercredi 22 février, Amir Peretz partait au Caire, accompagné de Fouad Ben Eliezer, ancien président, Ofir Pines et Eitan Kabel, membres du secrétariat général du parti, pour rencontrer le Président égyptien, Hosni Moubarak. Après cette nouvelle audience d'un Chef d'Etat arabe, Amir Peretz a déclaré : «Israël encourage la formation d'un axe de pays arabes modérés, pour renforcer les facteurs pragmatiques, au sein de l'Autorité palestinienne. Il ne faut pas pousser, a-t-il ajouté, les Palestiniens dans les bras des extrémistes». Pour Amir Peretz, ces voyages représentent un élément de sa campagne électorale, d'un grand parti. Il considère qu'il devra constituer la coalition gouvernementale, au lendemain des élections législatives israéliennes prévues le 28 mars 2006. II veut assurer que son programme à l'égard des Palestiniens, comprend la volonté de renforcer les éléments modérés de l'Autorité palestinienne, et surtout, d'éviter des sanctions collectives contre le peuple palestinien. "La situation est périlleuse », a poursuivi Amir Peretz, en reprochant au gouvernement israélien son silence. La presse égyptienne, reprise par les médias israéliens, considère que le Président Housni Moubarak et Amir Peretz ont convenu des moyens de transférer à l'Autorité palestinienne, les droits de douane et les taxes qui lui reviennent, «sans que l'argent tombe entre les mains du Hamas». Une des solutions serait l'engagement du Président Mahmoud Abbas (Abou Mazen) de transférer, immédiatement les sommes à des organisations non gouvernementales, chargées d'actions sociales dans les territoires palestiniens. Le chef travailliste n'a pas eu cette fois à s'intéresser à la vie des Juifs d'Egypte. En effet, la communauté juive d'Egypte comprenait 100 000 personnes jusqu'en 1947, puis 70 000 environ en 1948-50, 40 000 en 1956 et seulement 15 000 en 1957 (lendemain de la guerre du Sinaï), puis 2 000 en 1964-67 et enfin 200 en 1973. Aujourd'hui on ne parle plus d'une communauté juive, mais de la présence, uniquement, de quelques individualités. Dès le lendemain de l'arrivée de la délégation d'Amir Peretz, au Caire, le général Yaïr Navé, Commandant de la Région Centre y compris la Cisjordanie, a créé une véritable «tempête» politique en déclarant: «il est à craindre pour la stabilité du régime jordanien, dont 80% de la population est représentée par des Palestiniens. Cette majorité peut être influencée par le pouvoir du Hamas et les intrigues des Iraniens. Le Roi Abdallah sera donc, probablement, a affirmé le Général Yaïr Navé, le dernier représentant de la dynastie hachémite». D'autre part, le Général Moshé Kaplinsky, Chef d'état-major adjoint de Tsahal a déclaré que le régime du Président Housni Moubarak comporte «des signes d'instabilité», après la relance des Frères Musulmans. Les deux régimes, celui du Roi Abdallah et celui du Président Egyptien, ont protesté contre la déclaration des deux généraux, contre lesquels ils demandent des sanctions. Une analyste réputée du monde arabe du journal Yediot Aharonot, Smadar Péri, rappelle que le général, commandant de la Région du Centre, «n 'a fait qu'exprimer ce que tout le monde pense: «l'évolution de la situation régionale met en péril la stabilité de la Jordanie». Par contre, l'ancien chef du Mossad, Ephraïm Halévy, considère que la déclaration du Général Yair Navé, était «tout à fait déplacée en une période si délicate». En ajoutant clairement «La Jordanie est la seule à savoir comment maintenir son équilibre intérieur Elle n'a pas besoin de conseils et d'analyses israéliens». En vérité, l'arrivée au pouvoir des extrémistes islamistes en Iran et celle du Hamas, en territoires palestiniens avec l'appui de Damas, montre une situation sensible. Le parti travailliste doit continuer sa tournée des pays arabes modérés et demande une audience au Roi Abdallah qui n'a pas encore donné sa réponse. Il n'en demeure pas moins qu'aujourd'hui, des régimes forts dans les Etats arabes, dits modérés, restent un élément vital pour Israël, surtout ceux qui représentent un gage de la stabilité régionale. Certains analystes, comme Alouf Ben du quotidien Haaretz, reproche aux politiciens israéliens de mener une campagne électorale inanimée, sans tenir compte de la victoire du Hamas, sa prise en main du Conseil législatif et du gouvernement palestinien. Cette nouvelle situation rend, en réalité, «caducs» les programmes des grands partis israéliens. Que va faire le parti Kadima de son slogan «Une direction forte pour la paix»? Que va faire le parti Avoda (Travailliste) des questions économiques et sociales qui sont reléguées au second plan après la victoire du Hamas ? L'analyste va jusqu'à affirmer «Amir Peretz se berce d'illusions en s'accrochant à Abou Mazen avec son «peu de pouvoir». Les politiciens, israéliens, arabes modérés ou les dirigeants américains et de l'Union européenne, doivent, donc, accepter de voir la nouvelle réalité en face : le Hamas a été victorieux, il tient l'Autorité palestinienne. Il faut, donc, trouver de nouvelles formules pour le maintenir dans l'action politique, au lieu de le rejeter vers le terrorisme...