Fortement conspué depuis le début de saison footballistique, Youssef En-Nesyri a prouvé d'un côté que la persévérance finit toujours par payer que la confiance qu'a placée et Walid Regragui en lui n'allait pas être vaine. En effet, la prestation exemplaire au Mondial a fait du Lion de l'Atlas un attaquant pas comme les autres. Bon finisseur, notamment de la tête, il excelle dans le pressing et la récupération, deux tâches plutôt défensives, ce qui en fait essentiellement un travailleur de l'ombre reconnu à sa juste valeur par les fins connaisseurs du football, mais mal compris par les néophytes. Svelte et mesurant 1 mètre 89, le natif de Fès de 25 ans est un véritable athlète de saut en hauteur, d'où ses buts mémorables défiant la gravité, mais également de course de fond capable de courir des kilomètres sur le terrain, ce qui en fait un joueur prisé par les entraîneurs optant pour un bloc solide défensivement, mais en quête d'inspiration devant comme Walid Regragui. D'ailleurs, le sélectionneur national a été critiqué par une partie de l'opinion publique sur plusieurs de ses choix, notamment la convocation d'En-Nesyri, jugé «inefficace» par ses détracteurs, d'autant plus qu'il revenait d'une blessure et d'une infection à la Covid et passait par une période de doute. Certes, En-Nesyri a souffert cette saison. Il n'a pas retrouvé sa place de titulaire à Séville et n'avait signé que deux buts en compétition, en Ligue des champions, l'un pour l'honneur contre le Borussia Dortmund (4-1) et l'autre face au FC Copenhague (3-0). En somme, il a participé à dix matchs de Liga espagnole sans marquer. Défendant alors son choix, Regragui avait produit un discours sentimental sur le soutien de «l'enfant du pays» qui «représente l'avenir», mais a été trahi par une phrase qui, à l'époque, dévoilait à peine ses intentions tactiques, et qui a livré tous ses secrets pendant le Mondial. Ce beau parcours lui a valu, jusqu'à présent, quelques records. Il devient le premier Marocain à marquer lors de deux éditions consécutives du Mondial et le meilleur buteur de l'histoire du Maroc en Coupe du monde, avec trois réalisations, en 2018 et 2022, devançant Abderrazak Khairi (2 buts en 1986), Salaheddine Bassir et Abdeljalil Hadda (2 buts en 1998).