Elle sera réalisée par l'Unicef en collaboration avec le HCP et la FAO L'Unicef vient de lancer un appel à consultation pour l'élaboration d'une étude nationale qui analysera l'impact de l'inflation sur les ménages et les enfants au Maroc. L'étude en question cherche à mettre en lumière, en premier, l'impact induit sur la pauvreté et vulnérabilité monétaire ainsi que sur les inégalités sociales au Maroc y compris pour les enfants. Cette étude qui sera réalisée en collaboration avec le HCP et la FAO analysera également les risques conséquents d'accentuation des privations d'accès à une alimentation saine des familles et leurs enfants ainsi que l'accès de ces derniers aux services sociaux de base, principalement l'éducation, la santé et l'eau potable. L'Unicef estime que malgré un fort impact négatif, économique et social de la pandémie Covid-19, le Maroc a pu amortir en partie les chocs subis grâce à des mesures d'urgence rapides aux niveaux économique et social. Mais, similairement à la situation dans le monde, le Maroc peut aussi être affecté par la conjugaison de conséquences multiples liées au conflit russo-ukrainien et aux aléas climatiques. En termes de prévisions pour le Maroc, l'inflation, exprimée par l'indice implicite du PIB, devrait connaître en 2022 une hausse de près de 4,9% après 3,2% en 2021 et 0,1% en 2020. Le taux d'inflation moyen des 8 premiers mois de 2022 a été de 5,8% par rapport à la même période 2021 à cause entre autres de l'augmentation des prix des «produits alimentaires» de 9,1% et du «transport» de 11,8%. Cette inflation génère des conséquences sur la pauvreté et la vulnérabilité des ménages. En effet, les ménages auraient perdu en moyenne quelque 6% de leur revenu brut à cause de cette inflation. De plus, les ménages les plus pauvres, dont une partie plus élevée des revenus est dédiée à l'achat des produits alimentaires, subissent une inflation accentuée de 7,5%. Ainsi, les 20% les plus pauvres rognent même sur leur alimentation pour financer les dépenses de santé et des télécoms. L'Unicef note qu'avec l'aggravation de l'inflation, de nombreuses familles au Maroc sont contraintes de faire des choix dans leurs dépenses alimentaires. Par ailleurs, selon le HCP, la prévalence moyenne de l'insécurité alimentaire au Maroc est respectivement de 2,6% pour l'insécurité grave et 25,9% pour l'insécurité modérée ou grave en 2020. En dépit d'avancées notables, l'Unicef juge que l'évolution des indicateurs liée à la malnutrition des enfants au Maroc souffre d'un triple fardeau de malnutrition dans lequel coexistent la dénutrition, la sur-nutrition et des carences spécifiques en micronutriments. Rappelons que selon l'Enquête nationale sur la population et la santé familiale (ENPSF)-2018, la proportion d'enfants qui souffrent de malnutrition chronique (retard de croissance) est de l'ordre de 15,1%. Cette proportion est plus importante en milieu rural qu'en milieu urbain (20,5% contre 10,4%). Il ressort également de la même enquête que la proportion d'enfants souffrant de malnutrition aigüe (Emaciation) atteint 2,6%. La proportion des enfants de moins de 5 ans en surpoids est de 10,8% (11,7% en milieu urbain et 9,7% en milieu rural) dont 2,9% souffrent d'obésité. L'Unicef relève que cette situation risque d'être aggravée par l'impact de la sécheresse et des conséquences de la guerre en Ukraine. Selon de nombreuses analyses, le conflit russo-ukrainien pourrait être amené à s'inscrire dans la durée, d'où la nécessité d'analyser plus en profondeur ce que pourrait être l'étendue de l'impact de la flambée des prix, notamment des denrées alimentaires au Maroc, sur la pauvreté des ménages, notamment les plus vulnérables et particulièrement sur les enfants. En attendant des données plus récentes, en 2020, le nombre de personnes dans l'incapacité de se permettre une alimentation saine avait progressé de 112 millions à l'échelle mondiale pour atteindre au total près de 3,1 milliards, du fait de l'augmentation des prix des produits alimentaires durant la pandémie.