Après son adoption par la Chambre des Représentants, le texte atterrit chez les Conseillers. Le refus des amendements de l'Istiqlal creuse le fossé dans la coalition. Contrairement à la tradition, ce n'est pas le débat sur le projet de Loi de Finances 2002 qui enflammera les esprits des représentants de la nation. C'est plutôt la tension latente entre principalement l'Istiqlal et l'USFP concernant ce texte qui suscite la curiosité des députés. Du moins, si l'on en juge par l'ambiance qui a caractérisé la présentation du texte par M. Fathallah Oualalou, ministre de l'Economie et des Finances devant la Chambre des Conseillers le mercredi 21 novembre. L'argentier du Royaume a d'emblée planté le décor. Selon lui, le texte prévoit de nouvelles dispositions concernant l'investissement, la privatisation et le renforcement de la stratégie de solidarité. M. Oualalou a rappelé que le projet a reconduit les mesures déjà en vigueur en matière de lutte contre les effets de la sécheresse. Si le ministre des Finances s'est contenté de dresser les lignes générales du projet devant les conseillers, il s'est épargné une seconde «comparution» devant la chambre des représentants. Cette dernière a adopté, en son absence, le 17 novembre le projet à 111 voix pour et 38 contre. L'écrasante majorité a préféré s'abstenir, soit en prévention de la tournure du débat, soit uniquement par lassitude, en souvenir des situations antérieures. En effet, lors de la séance plénière des questions orales, la salle était archi-vide. Le texte a subi quelques petites modifications lors de son examen le 9 novembre par la Commission des Finances qui relève de la première Chambre. Il reste que le département de M. Oualalou a refusé tous les amendements des partis de l'opposition. Pis, la quasi-majorité de ceux de l'Istiqlal a été rejetée en vertu de l'article 51 de la Loi organique des Finances. Selon l'Istiqlal, le gouvernement utilise la même carte pour justifier le rejet des « amendements pertinents » du parti ainsi que ceux des groupes de l'opposition. En d'autres termes, le parti reproche à l'argentier du Royaume, de mettre en avant le risque de baisse des recettes budgétaires pour motiver le refus de prendre en considération ces amendements. Selon des observateurs de la vie politique, la position de l'Istiqlal revêt une dimension politique. Cette attitude doit être perçue dans le cadre de la campagne électorale pour les prochaines législatives. Il s'avère aujourd'hui que les compagnons de M. Al Fassi ne veulent pas assumer le bilan du gouvernement dont pourtant ils font partie. Pour l'heure, l'USFP ne réagit pas aux provocations de l'Istiqlal. Le parti de Abderrahmane Youssoufi semble serein. Mais il n'est pas exclu qu'il sorte ses griffes, si l'attitude de l'Istiqlal s'inscrit dans une logique strictement électorale.