Aux Urgences du Centre hospitalier universitaire (CHU) d'Ibn Rochd à Casablanca, le Nouvel an est célébré aux sons des gyrophares et des sirènes d'ambulances. Les soirées arrosées du réveillon causent bien des dégâts. Reportage. Casablanca, service des Urgences du Centre hospitalier universitaire (CHU) d'Ibn Rochd. Ici, la Saint-Sylvestre se fête dans une ambiance assez particulière. Ni strass ni paillettes ni tout le reste qui va avec une soirée annonçant l'avènement d'une nouvelle année. Le réveillon dans l'un des plus grands services d'Urgences du pays est rythmé par les sons des gyrophares, des sirènes d'ambulances et autres cris de douleurs. Les médecins de garde assurant la permanence cette nuit croisent les doigts. Il est de coutume de voir arriver un assez grand nombre de patients. À moins d'une heure du coup de minuit, les médecins de garde semblent maîtriser la situation. «En effet, les malades sont d'abord orientés vers les hôpitaux périphériques et seuls les cas les plus compliqués nous parviennent par la suite. Pour le périmètre de Maârif, c'est notre service qui assure la permanence », nous explique l'un d'eux. Dans la salle de repos des médecins, l'on s'offre une petite pause en plus de quelques moments de détente en regardant la télévision. Une chaîne internationale d'information annonce en temps réel l'arrivée de 2006 dans les quatre coins du monde et montre les festivités et autres réjouissances marquant le passage à la nouvelle année. Pour mettre un peu de baume à leurs cœurs, des médecins n'ont pas omis de ramener avec eux des tablettes de chocolat. Une manière comme une autre de joindre l'utile à l'agréable. La pause se fait courte et il n'est pas question de faire un petit somme. Le bruit d'un gyrophare annonce l'arrivée de nouveaux cas. Un fourgon débarque. La porte arrière s'ouvre d'une manière forte et soudaine. Deux jeunes hommes menottés en état d'ébriété descendent du véhicule. Un policier les pousse à l'intérieur de ce service. « C'est encore une bagarre ! », remarque un médecin. Et d'ajouter : « généralement, c'est à la tombée de la nuit que nous commençons à accueillir des cas de gens agressés et violentés. L'abus d'alcool cause bien des dégâts ». Le fourgon semble faire la navette. À Casablanca, un énorme dispositif sécuritaire a été déployé dans les grands boulevards et artère de la métropole. Pour ne pas subir une forte pression, le service des Urgences du CHU fait le dispatching. Après les soins nécessaires, chaque malade est orienté vers le service spécialisé. La consigne veut que le service des Urgences ne soit pas trop encombré pour faire face à toutes les éventualités. Dans le jargon médical, on parle de « clients victimes d'accidents dans la voie publique et de clients victimes d'agressions». De par le monde, la Saint-Sylvestre est la soirée où l'on enregistre un grand nombre de personnes transférées aux Urgences. «J'ai célébré pas mal de Nouvel an aux Urgences. Mais, l'alerte maximale a été en fait enregistrée le 31 décembre 1999 lors de l'arrivée du 21ème siècle », raconte un médecin qui assurait la permanence durant cette soirée annonçant le passage à un nouveau millénaire. Un samedi soir doublé de fin d'année ne peut se passer sans voir défiler des fêtards déchantés. Des soûls grisés par la joie d'accueillir une nouvelle année sont «de vrais clients» des lieux. Certains médecins commencent même à les reconnaître. Tout en bénéficiant d'un soin médical, ils n'oublient pas de souhaiter au médecin traitant leurs meilleurs vœux de bonheur et de joie. Et surtout de santé.