Le vice-président syrien démissionnaire, Abdel Halim Khaddam, vient d'accuser le président Bachar Al-Assad d'avoir menacé l'ancien dirigeant libanais Rafic Hariri. Un nouveau coup dur pour le régime en place. Le régime du président Bachar Al-Assad vient de connaître un nouveau revers. Le vice-président syrien démissionnaire, Abdel Halim Khaddam, a porté un coup dur à Damas en affirmant que l'ancien Premier ministre libanais, Rafic Hariri avait fait l'objet de menaces syriennes plusieurs mois avant son assassinat intervenu le 14 février dernier. Ces accusations risquent d'inonder les étages les plus hauts du pouvoir syrien déjà soumis à une forte pression internationale. «Hariri était l'objet de nombreuses menaces de la Syrie et des choses dangereuses ont été dites. Il a été une fois convoqué à Damas où le président Bachar Al-Assad, lui a parlé en termes extrêmement durs», a-t-il déclaré dans une interview à la chaîne Al-Arabiya depuis Paris, la première depuis son départ de la Syrie. D'après lui, Bachar Al-Hassad avait dit texto à Rafic Hariri : «Tu veux amener (un nouveau) président au Liban. Je ne le permettrai pas. J'écraserai quiconque qui essaye de renverser notre décision». Ces déclarations interviennent un peu plus de deux mois après le suicide du ministre syrien de l'Intérieur Ghazi Kanaane. Les deux hommes étaient liés et considérés comme des piliers du régime sous le défunt président Hafez Al-Assad, décédé en 2000. Ils avaient joué un rôle important au Liban avant d'être écartés progressivement du dossier libanais par Bachar Al-Assad. M.Khaddam a affirmé sur Al-Arabiya que le président syrien ne pouvait pas ignorer le projet d'assassinat de l'ancien Premier ministre libanais, car «aucun service de sécurité syrien ne peut prendre une telle décision unilatéralement». Bachar Al-Assad a menacé «d'anéantir tous ceux qui enfreindraient sa décision» de reconduire le président Emile Lahoud à la tête du Liban contre l'avis de Hariri et de la plupart des responsables libanais, a affirmé M.Khaddam. Il a en outre rendu l'ancien chef des renseignements syriens au Liban, Rustom Ghazalé, responsable de la dégradation de la situation au Liban, l'accusant de s'être «comporté en maître absolu» du pays. En octobre, le régime syrien a déjà été ébranlé par le suicide du ministre de l'Intérieur, Ghazi Kanaane, prédécesseur de Rustom Ghazalé. MM. Kanaane et Khaddam s'étaient opposés à la reconduction du président Lahoud, qui avait été soutenue par le ministre des Affaires étrangères Farouk el-Chareh. M.Khaddam a par ailleurs rendu M. el-Chareh responsable de la mise sous pression internationale de la Syrie après le vote, par le Conseil de sécurité, d'une résolution réclamant le départ des troupes syriennes du Liban et le désarmement du mouvement chiite Hezbollah, allié de Damas. L'attentat contre Hariri, en février à Beyrouth, a provoqué le départ précipité, en avril, sous la pression internationale et populaire, des troupes syriennes qui stationnaient au Liban depuis près de trente ans. Le chef de la commission d'enquête de l'Onu, Detlev Mehlis, chargé de faire la lumière sur cet assassinat, a indiqué avoir réuni «des preuves convergentes» contre la Syrie dans deux rapports d'étape présentés en octobre et décembre au Conseil de sécurité de l'Onu.