En danger de disparition sous l'effet de la dégradation et de la sécheresse Très utilisées autrefois pour le drainage des eaux souterraines, les khettaras sont actuellement menacées de déperdition. Toujours présent dans les zones oasiennes et dans le monde rural, ce système de captage d'eau de la nappe phréatique a longtemps accompagné le développement de l'agriculture au Maroc étant donné son rôle central dans l'irrigation des cultures. Aujourd'hui les khettaras connaissent des difficultés croissantes en raison du manque des précipitations et de l'abandon. «Les ouvrages des khettaras au Maroc ont une histoire très longue, elles représentent un patrimoine social, écologique et économique. La situation actuelle est très dramatique à cause des effets de la sècheresse et de la dégradation, si cette situation perdure la disparition des khettaras sera annoncée», alerte le ministère de l'agriculture, de la pêche maritime, du développement rural et des eaux et forêts qui se penche actuellement sur la réalisation d'un avant-projet pour la réhabilitation de ces ouvrages. Pour le ministère, la rareté de l'eau constitue le problème majeur. Ainsi, la remise à niveau des khettaras permettra la restauration des ouvrages abandonnés ou dégradés ainsi que la protection de l'agriculture dans les oasis du Maroc. «Face à l'urgence et à l'ampleur de la problématique, il est devenu indispensable de concrétiser les actions pour préserver les khettaras du Maroc», argumente la même source. A ce stade, le ministère lance dans le cadre de la stratégie nationale Génération Green 2020-2030 ce projet avec l'objectif de diagnostiquer l'état des lieux actuel des khettaras au Maroc, identifier les besoins en réhabilitation et préparer par la suite le projet d'exécution. Dans ce sens, cette démarche de réhabilitation des khettaras du Maroc contribuerait à subvenir aux besoins des populations oasiennes en eau d'irrigation et redynamiser l'activité économique que procurent les khettaras afin de lutter contre la pauvreté puisqu'environ 300.000 personnes profitent de ce système de mobilisation d'eau. Il s'agit aussi de protéger le patrimoine oasien et réduire l'exode des familles oasiennes. Pour sa réalisation, ce projet procédera à identifier et visiter toutes les khettaras du Maroc sans exception, à savoir les khettaras en service et les khettaras abandonnées. De même, une analyse approfondie doit être menée en collaboration avec les départements de l'agriculture et les représentants des oasis. Cette analyse devra permettre la détermination des différentes dégradations dans chaque khettara. A ce titre, ce diagnostic concerne sans limitation tout le système composant les khettaras, les puits verticaux, les galeries horizontales, les réseaux à l'intérieur des oasis et l'étanchéité. Dans ce schéma, chaque khettara disposera d'une fiche avec le nom de la khettara, nom du village, nombre et types d'usages, superficie et types de cultures, l'organisation des agriculteurs, les périmètres et barrages à côté, les ressources en eau, les types de détérioration, le débit du khettara, ressources en eau ainsi que toute information essentielle à la caractérisation des khettaras. Il sera procédé à des levées topographiques pour chaque khettara. Les investigations hydrologiques permettront pour leur part de déterminer les informations relatives à la température, les précipitations, le débit des khettaras, les informations relatives aux crues au cas où la khettara longe ou est proche d'une rivière ou un fossé drainant, et toutes les informations sur les ressources souterraines. A l'issue de ces différentes opérations, les khettaras seront classées par ordre de priorité d'intervention. Il sera aussi question d'examiner l'impact des changements climatiques sur ces ouvrages, d'évaluer les ressources en eau disponibles et leurs caractéristiques ainsi que de mettre l'accent sur le mode de gestion des khettaras et les modalités d'entretien et de maintenance.