Il est vrai qu'il existe plusieurs écrits et contenus sur « l'Histoire du Maroc », cependant la nouvelle web-série «Aji Tfham» (Viens comprendre), qui dispose d'une chaîne appropriée, la recoupe minutieusement. Présenté en avant première vendredi au prestigieux Chellah à Rabat, le premier chapitre de cette œuvre, d'environ 30 minutes, remonte bien le temps pour puiser dans notre histoire. A commencer par les années de 700 à 800 avant Jésus Christ marquées par l'arrivée des Phéniciens suivie d'autres tribus. Entre-temps, le spectateur découvre des faits indéniablement méconnus ou se souviennent forcément d'autres. C'est le cas de l'origine du rituel de la Baïâa (allégeance) instauré par Mansour Eddahbi. Le tout en abordant des relations entre le Royaume et d'autres pays dont celle qui le lie à l'Algérie, objet de cet épisode qui sera suivi d'un autre consacré à l'Hexagone. En attendant, l'équipe de cette œuvre ne manque pas de s'exprimer sur sa démarche artistique à cet effet. «La société commence à puiser sa culture dont celle historique dans les réseaux sociaux, alors j'ai commencé à produire des capsules. En tant qu'historien professionnel, il s'est avéré que la production et l'art ne font pas partie de mon travail, alors j'ai rencontré Mustapha Fekkak, alias Swinga créateur de contenus et Ali Rguigue, producteur pour innover et toucher le grand public», détaille Nabil Mouline. Cet historien s'exprime également sur sa démarche d'analyse, de comparaison et de critique transformée de manière artistique. «C'est la première fois que nous allons voir des personnalités marocaines et des cartes depuis l'ancienne époque soit celle Phénicienne à ce jour, des visages de rois, de personnalités ayant marqué l'Histoire du Maroc, des documents que nous n'avons jamais vu», avance-t-il en mettant en avant le récit en dialectal et sous forme de dessins animés. Par l'occasion, il rappelle tout comme les autres membres de l'équipe un travail acharné d'une année pour réaliser cet épisode. «Nous allons inaugurer une nouvelle dimension. Il s'agit de la professionnalisation de la transmission du savoir historique au plus grand nombre en alliant la science et l'art de manière plaisante », ajoute M. Mouline. Interrogé par ALM sur la différence entre cette œuvre et d'autres contenus sur Facebook, il répond : «La quasi-totalité des pages sur les réseaux sociaux est faite par des amateurs, des gens qui n'ont pas de formation ni scientifique, ni artistique». «La plupart des informations que je fais pourraient être publiée dans une revue scientifique», clarifie-t-il en rappelant se baser sur de bonnes sources. Et ce n'est pas tout ! «Après chaque épisode, un livre scientifique sera publié. Et à la fin de chaque saison nous publierons un autre livre citant les documents utilisés», avance-t-il. Par l'occasion, il rappelle que les Mérinides ont développé le zellige. Quant au choix du Chellah, le créateur de contenus, Mustapha Swinga, précise qu'il n'est pas fortuit puisque «ce monument mérinide a des origines phéniciennes dont il est également question dans cet épisode». «L'objectif étant de révéler que nous avons un héritage d'avant l'Islam, y compris celui phénicien, romain et amazigh entre autres», poursuit-il. De son côté, le producteur, Ali Rguigue, également directeur de la société Artcoustic, indique que «ce projet émane d'une ambition commune en tant que Marocains». Il saisit son passage pour rappeler la collaboration de Flow Motion School. «Sur Google, il n'y a pas de version complète qui raconte l'Histoire du Maroc de A à Z. Le challenge est d'avoir un recueil historique propre à nous», explicite-t-il.