Criblé de dettes, un jeune boucher de Rabat presse sa pauvre mère et sa sœur handicapée de lui venir en aide. Elles en étaient évidemment bien incapable. Le fils indigne les a jetées à la rue. Elles ont entamé une procédure judiciaire pour faire prévaloir leurs droits. Parfois, l'ingratitude pourrait atteindre des sommets inimaginables. C'est bien le cas de ce protagoniste qui a livré sa mère impotente en compagnie de sa sœur handicapée au froid et à la famine en cette saison hivernale. Il s'agit d'un jeune homme, la trentaine, qui avait renié tous les sacrifices consentis par celle qui l'avait mis au monde. En effet, après le décès de son époux il y a une dizaine d'années, sa mère, sexagénaire, devait concéder le seul bien qui lui revenait de son héritage à son fils unique ;à savoir un local de commerce grand comme un mouchoir. Son vœu le plus cher était de voir son rejeton s'occuper d'une activité un tant soit peu lucrative, et ce pour deux raisons fondamentales. D'une part, elle voulait lui éviter un désœuvrement certain comme il ne disposait d'aucune qualification pouvant lui procurer un emploi. D'autre part, elle espérait le rendre une personne responsable, capable de payer ses factures, de lui faire oublier aussi toutes les années de vaches maigres qu'elle avait connu durant son veuvage. Cela dit, après mûre réflexion, elle lui proposa de s'initier au métier de boucher, un domaine d'activité qui lui miroitait un bon avenir pour son bonhomme. Et c'est exactement ce qu'il allait devenir à la grande satisfaction de sa génitrice. Ainsi, au fil du temps, le commerce de la viande rouge commença à générer des gains pour Brahim qui, au fur et mesure, mettait de l'argent de côté en guise d'épargne. Ses affaires étant devenues florissantes, il bâtit une maison dont le rez-de-chaussée sera occupé par sa mère et sa sœur invalide de naissance ; quant au premier étage, il lui sera réservé pour s'installer avec sa nouvelle épouse qui lui avait donné un enfant après un an de mariage. D'évidence, tout se déroulait à bon escient, conformément aux projets initialement prévus par la mère du fameux boucher qui lui remetait chaque jour 10 DH de ses rentrées journalières. Seulement voilà, ayant adopté un train de vie au-delà de ses moyens, sans oublier sa gabegie due à ses rapports avec des clients douteux, son activité va donc sérieusement en pâtir. Devenu obéré de dettes envers ses fournisseurs d'un côté, et redevable aux services d'impôts de la commune d'El Akkari de l'autre, Brahim va cumuler une dette de 10 millions de centimes. N'ayant personne à qui s'en prendre, il s'acharnera sur sa mère pour régler ses arriérés sous la menace d'une expulsion imminente. Un comportement pour le moins déconcertant de la part d'un fils, conscient pourtant de son incapacité à lui procurer une telle somme d'argent. Mais lui, il n'aura pas froid aux yeux, puisqu'il mettra sa menace à exécution comme si sa mère était responsable de sa mauvaise gestion qui lui avait attiré tout ce fatras d'ennuis tant avec le fisc qu'avec ses pourvoyeurs en viandes rouges. Finalement, cet individu sans foi ni loi jettera et sa mère impotente et sa sœur invalide dans la rue sans aucun remords, comme s'il s'était débarrassé d'une chemise trouée aux mites. Il a pris cette décision inhumaine envers et contre tous ceux qui sont venus le ramener à la raison. Heureusement qu'il existe encore des gens de bien qui n'ont pas hésité à les héberger en attendant un dénouement favorable à leur condition dramatique. Pour l'heure, elles ont rencontré un avocat magnanime qui a accepté d'entamer les procédures judiciaires nécessaires contre Brahim et de plaider leur dossier devant la justice sans bourse délier. Cependant, il se trouve que le titre foncier du domicile duquel elles ont été chassées sans autre forme de procès est inscrit en nom de ce protagoniste. Parviendront-elles à obtenir gain de cause ? c'est le souhait de tous les voisins de ces malheureuses créatures qui se trouvent du jour au lendemain comme étant des SDF contre toute attente.