Des associations espagnoles et marocaines de défense des droits de l'homme et des immigrés ont critiqué mercredi l'Union Européenne pour "les pressions exercées" sur le Maroc concernant la lutte contre l'immigration clandestine, estimant que ces pressions "tendent à faire du Maroc un gendarme aux frontières sud de l'Union". L'Association pour les droits de l'homme en Andalousie (APDHA), l'association Acoge Andalucia de défense des immigrés et le réseau des Associations du nord du Maroc (Red-Chabaka) ont tenu une conférence de presse à Séville pour discuter de l'immigration et du respect des droits de l'homme et ce, à l'occasion de la tenue de la 7ème réunion de haut niveau hispano-marocaine. Pour le coordinateur de Red-Chabaka, Boubker Khamlichi, "l'Union Européenne exerce des pressions de plus en plus fortes sur le Maroc pour le transformer en gendarme à ses frontières sud". "Les pays européens veulent que le Maroc fasse le sale boulot à leur place", a-t-il dénoncé. Cette situation, en plus de la pression que représente l'immigration subsaharienne sur l'économie marocaine, "peut porter gravement atteinte aux intérêts du Maroc dans le continent africain", a estimé M. Khamlichi qui a prôné "une politique plus humanitaire dans le traitement de la situation des immigrés subsahariens qui fuient la famine et les guerres dans leurs pays et rêvent de se réfugier en Europe". "L'Union Européenne par sa politique du tout sécuritaire est responsable de la situation des immigrants subsahariens au Maroc", a ajouté M. Khamlichi qui a appelé à la prise en charge de ces immigrés clandestins au lieu d'axer l'intervention exclusivement sur des "actions répressives". Même son de cloche chez le secrétaire général d'Andalucia Acoge, José Miguel Morales, qui a estimé que "le renforcement des contrôles policiers et la politique de fermeture des frontières a eu comme conséquence une augmentation considérable des immigrés subsahariens au Maroc". M. Morales a appelé l'Espagne à élaborer des politiques migratoires qui "ouvrent la porte aux migrations légales", au lieu de l'actuelle "politique répressive" qui s'est traduite par une "situation intenable aux abords de la clôture de Mellilia". Concernant la gestion de l'affluence massive des immigrés subsahariens au Maroc, Morales a appelé les autorités marocaines à subvenir aux besoins de ces immigrants en les traitant comme des "réfugiés qui fuient les guerres et les famines". Le président de l'APDHA, Rafael Lara, a abondé lui aussi dans le même sens: "Nous refusons que l'Espagne et l'Union Européenne transforment le Maroc en zone tampon". Il a accusé l'UE de chercher à "sous-traiter la violation des droits des immigrés à travers le Maroc". M. Lara a également évoqué les avancées en matière des droits de l'homme au Maroc. "Nous saluons l'initiative de création de l'Instance Equité et Réconciliation qui constitue un cas unique dans les pays arabes et musulmans". "Cette initiative présente plusieurs limites et est critiquée par certaines associations marocaines de défense des droits de l'homme (...) mais je reconnais qu'ici en Espagne nous n'avons pas pu toujours constituer une commission similaire pour éclaircir les assassinats qui ont eu lieu durant la guerre civile espagnole et sous le régime de Franco", a-t-il reconnu.