A 15 kilomètres au sud de Tindouf, 45 prisonniers marocains, civils et militaires, sont enterrés. Ils portent, tous, les traces des tortures pratiquées par le Polisario. Abdellah Lamani a dessiné un croquis d'un des plus importants cimetières où sont enterrés plusieurs prisonniers marocains de Tindouf, civils et militaires. Ce cimetière se trouve à une quinzaine de kilomètres au sud de Tindouf. Au total, il compte 45 tombes, toutes de prisonniers marocains dont certains ont succombé à la suite de la torture pratiquée par les criminels du polisario, avec la bénédiction des militaires algériens. Sur plus de vingt-cinq tombes, les noms des défunts ont été écrits par Abdellah Lamani lui-même. "j'ai dessiné ce croquis, dans le secret le plus complet, en mai 2003 plusieurs mois avant ma libération", a souligné Abdellah Lamani, un civil kidnappé par un commando séparatiste en 1980. En plus du croquis, Abdellah Lamani a dressé une liste complète des noms et prénoms de ces 45 prisonniers enterrés. Dans ce tableau, il a adjoint les numéros de matricules des soldats et des membres des Forces auxiliaires enterrés, ainsi que les numéros de matricule octroyés par le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) et surtout la date exacte de leur décès. Des informations minutieusement consignées puis retranscrites. En mai 2003, Abdellah Lamani a remis cette liste et le croquis du cimetière à un militant associatif français travaillant pour la Fondation France-Libertés. Cette dernière grâce aux témoignages de plusieurs détenus, notamment d'Abdellah Lamani, a dévoilé au monde entier l'atrocité des crimes commis par la junte du polisario. Parmi les 45 prisonniers enterrés figurent quatre civils. Il s'agit d'Aïloul Allal, originaire de la région de Tata, il est décédé le 24 décembre 1994. Deux marins originaires du Souss sont également enterrés dans ce cimetière : Aït Chérif Lhoussine et Aït Hammad Lahcen. "Le premier a eu une hépatite et le deuxième un cancer à la gorge", affirme Abdellah Lamani. Ils sont morts dans des conditions atroces, leur corps n'a pas pu supporter la famine, la torture et l'absence totale d'hygiène. Quant au dernier civil, il s'agit d'Oumma Lhoussine. "Ce n'est autre que le graisseur du car dans lequel je me trouvais au moment de mon kidnaping", précise Abdellah Lamani. Sur les 45 prisonniers, 10 sont non identifiés. En fait, Abdellah Lamani ignore l'emplacement exact des corps de ces dix prisonniers. Toutefois, il connaît leur identité. Parmi eux, le lieutenant Abdeljabar Mohamed, originaire d'Oujda. Blessé, il fut arrêté en février 1987. Comme aucun soin ne lui a été dispensé, il succomba moins d'un mois plus tard, le 13 mars 1987. Trois autres tombes sont occupées par les dépouilles de Aghras Mabrouk (4148//76 Forces Auxiliaires), Ahmed Mustapha (soldat) et Amîss Mohamed (soldat 5340/76). Ils étaient tous les trois enfermés dans un fossé couvert d'un châssis de camion. Ce dernier s'est effondré sur eux et les a complètement massacrés. Ce fut le 23 juin 1985. Trois autres soldats sont également morts le même jour : Ali Oueld Zaoui (1522/83), Boujemaâ Brika (24029/74) et El Mahjoub Mohamed (32211/76). Après une tentative d'évasion, ils furent rattrapés par les mercenaires du polisario, puis torturés jusqu'à la mort. Quant à Azram Aziz, un soldat (8386/77) fait prisonnier en mars 1980 à Ouarkziz, il a carrément été renversé délibérément par un camion-citerne qui lui a aplati le crâne. Cette liste est une preuve irréfutable que des massacres ont été commis dans les camps de Tindouf. Plusieurs prisonniers conservent toujours des traces de tortures : crânes fracassés, jambes et bras fracturés, colonnes vertébrales brisées… "L'Etat marocain doit tout faire pour que les criminels du polisario paient pour ces crimes en les poursuivant devant le tribunal pénal international", lance Abdellah Lamani.