Réviser les attributions de la Chambre des conseillers, octroyer au Premier ministre des prérogatives plus large et inscrire l'amazigh comme langue nationale… le PPS remettra bientôt au Souverain un mémorandum dans ce sens. A l'occasion de ce qui est communément désigné comme étant une "rentrée politique", le secrétaire général du PPS Moulay Ismaïl Alaoui et deux membres du bureau politique du parti, Nabil Benabdallah et M'hammed Grine, ont organisé, lundi soir, une rencontre avec plusieurs représentants de la presse nationale. Lors de ce briefing à bâtons rompus, Moulay Ismaïl Alaoui a passé en revue quasiment tous les sujets d'actualité. Pour ce qui est de la Koutla, tout d'abord, les responsables du PPS ont assuré que leur parti est conscient que la victoire aux prochaines élections et par conséquent le maintien au pouvoir des partis qui forment cette Koutla ne sont envisageables que si le jeu des alliances s'opère dès aujourd'hui. En clair, l'Istiqlal, l'USFP et le PPS, malgré leurs divergences, ont besoin l'un de l'autre, pour contrer d'éventuelles alliances de l'opposition. Pour cela, ces trois formations ne doivent pas attendre le lendemain des élections pour "bouger". SM le Roi Mohammed VI a promis à la classe politique que le prochain Premier ministre sera issu de la majorité que reflèteront les urnes. Le secrétaire général du PPS rappelle également que le Souverain a souhaité l'émergence de deux grands pôles politiques, "d'où l'importance et l'urgence de souder les liens entre les partis de la Koutla, voire d'élargir cette dernière à d'autres formations politiques". Par ailleurs, toujours dans le cadre de la concertation entre ces trois partis, Moulay Ismaïl Alaoui a souligné qu'un mémorandum pour la révision de la Constitution sera rédigé par le PPS, l'Istiqlal et l'USFP. Avant de revenir aux principaux aspects constitutionnels que la Koutla souhaite réviser, notons que ce mémorandum est un document qui rassemblera l'ensemble des propositions d'amendements à la loi fondamentale et qui sera soumis à SM Mohammed VI. Et c'est là où le bât blesse. Alors que la révision de la Constitution, de l'aveu des responsables du PPS eux-mêmes, est une affaire d'intérêt national, l'approche adoptée par la Koutla est on ne peut plus politicienne. "Nous n'avons pas d'atomés crochus avec les partis de l'opposition, il est donc inconcevable de coordonner avec eux pour l'élaboration de ces amendements", a souligné Nabil Benabdallah. En fait, la Koutla veut soumettre les amendements au Souverain, lequel prendra le soin d'entamer des concertations avec les autres formations. Mais le PPS tient à préciser que cela n'est absolument pas du fait accompli.Voilà pour ce qui est de forme. Quant au fond, notons que les amendements en cours d'élaboration portent d'une part sur le statut de la Chambre des conseillers, une pâle copie de la Chambre des représentants, et d'autre part sur les attributions du Premier ministre qui méritent un éclaircissement, voire un élargissement. Si pour le premier point, une unanimité semble être assurée, pour le deuxième point, les choses sont différentes. Rappelant que le Premier ministre est aujourd'hui expressément désigné comme étant le chef de l'administration. "A cet effet, il doit bénéficier de prérogatives qui vont dans ce sens", souligne Moulay Ismaïl Alaoui. Il cite l'exemple de la nomination des directeurs centraux de l'administration et directeurs des offices, aujourd'hui, exclusivement nommés par SM le Roi. Le secrétaire général du PPS pense même que "les ministres devraient bénéficier d'une liberté totale pour désigner les personnes avec lesquelles ils vont mettre en application la politique de leur département". Autre question importante: la constitutionnalité de l'amazigh. Certes, le PPS est l'un des plus fervent défenseur de cette idée. Toutefois, le parti de Moulay Ismaïl Alaoui accepte l'inscription de l'amazigh comme langue nationale, et non officielle. Une position mi-figue, mi-raisin.