Un influent membre d'un centre de conjoncture nous a révélé que la dernière note de la DPEG sur la situation économique au Maroc ressemble étrangement à un rapport que son institution avait élaboré au mois de juin 2003. Un influent membre d'un centre de conjoncture nous a révélé que la dernière note de la DPEG sur la situation économique au Maroc ressemble étrangement à un rapport que son institution avait élaboré au mois de juin 2003. C'est peut-être une coïncidence qui démontre que nos statisticiens se rejoignent dans leur analyse. Ce qui renforce les certitudes sur notre économie dans la mesure où ce parallélisme réduit la marge d'erreur entre le réel et le prévisionnel. Mais les mauvaises langues pourront affirmer, sans risque d'être démenties, que cette coïncidence est bien volontaire. Autrement il y aurait, comme il est d'usage chez nous, une reproduction d'un texte et des chiffres avec les retouches habituelles. Ce qui n'est pas exclu quand on sait que chez nous on cherche beaucoup plus la facilité que de subir «le calvaire» de l'effort intellectuel ou autre. Ceci étant, aussi bien le rapport du ministère des finances que celui de cet organisme de conjoncture versent dans un optimisme béat qui contraste avec les donnes nationale et internationale. Il faut préciser de prime abord que le bilan économique qui nous est livré ne concerne que les neuf premiers mois de l'exercice en cours. Autant dire que tous les indicateurs risquent, selon la conjoncture, de passer du rouge au vert et vice versa en l'espace de trois mois. En définitive, il ne faut pas jubiler outre mesure en tablant sur la providence pour calculer le taux de croissance en fonction des gouttes de la pluie. Tous les économistes savent très bien qu'au Maroc la croissance hors agriculture est réduite à la portion congrue. Ce faisant tout calcul du taux de croissance est aléatoire dans un pays dépendant de conditions climatiques si elle n'est pas comptabilisée sur une moyenne de dix ans. Encore faut-il que les indices et les projections économiques soient élaborés d'une manière cartésienne avec des bases de données réelles. Ce qui n'est pas toujours le cas quand on sait que, contrairement aux autres organismes de prévision, l'institut national d'analyse et de conjoncture (l'INAC) prévoit une aggravation du déficit budgétaire. Ce qui n'est pas surprenant puisque les dépenses de fonctionnement ont été augmentées par la révision des salaires et autres charges. Bien plus le plafond de 3 % qu'on nous livre depuis deux décennies a été masqué par l'apparent qui ne colle pas avec le réel, et ce depuis 1993. Depuis cette date l'Etat a affiché une maîtrise fictive du déficit en s'appuyant sur les recettes exceptionnelles générées par les privatisations. Les chiffres politiciens comblaient naturellement le fossé d'un déficit budgétaire par rapport au PIB qui dépassait souvent le plafond de 3% admis par la Banque mondiale et le Fond monétaire international(FMI). L'économiste Habib Malki qui a toujours prôné un déficit budgétaire plus prononcé pour réduire le déficit social n'a pas à se plaindre aujourd'hui. Sa théorie est mise en pratique même si son rival socialiste, Fathallah Oualalou, la cache par des statistiques trompeuses qui contrastent avec un plan quinquennal en veilleuse.