Pour Mohamedou Lahmidi, président de l'Association pour la libération des séquestrés des camps de Tindouf, les propos des religieux espagnols constituent un grave précédent. Lahmidi rappelle cette évidence que tous les religions réprouvent le mensonge. ALM : Quel est votre commentaire des propos tenus par les quatre religieux espagnols ? Mohamedou Lahmidi : D'abord, il y a une chose qui me paraît vraiment d'une très grande gravité. C'est le fait que des hommes de religion véhiculent le mensonge alors que tout le monde sait que les monothéismes en font l'un des grands péchés ! Ils auraient dû, au moins, révéler leurs véritables identités et ne pas débarquer chez nous comme le feraient des voleurs. En plus, j'ai l'impression qu'ils ont fait de l'usurpation de fonction de journalistes, chose punie par la loi ! De toutes les manières, vous savez le respect qu'ont les Marocains pour les hommes de toutes les religions et les citoyens du Sahara ne font pas exception. Toutefois, nous savons depuis longtemps que les religieux espagnols, une bonne partie d'entre eux en tout cas, ont toujours soutenu les thèses du Polisario. N'empêche ! Cela atteint des degrés de bêtises quand ils affirment que les sahraouis évitent de se faire soigner dans les hôpitaux de peur de se faire assassiner par les médecins et équipes médicales. Le plus grand démenti à leur apporter est de rappeler, c'est une réalité d'ailleurs, que les régions du Sahara marocain disposent d'infrastructures de santé adéquates et même dans les coins ruraux les plus reculés. Ce serait peut-être un peu déplacé de le dire, mais on trouve parfois des unités sanitaires au Sahara d'une qualité qu'on ne retrouverait pas dans plusieurs régions du Maroc. Ils affirment aussi que les villes du Sahara sont soumises au siège. Qu'en pensez-vous ? Nous n'avons rien à cacher, ni à Laâyoune, Boujdour, Dakhla ou ailleurs. En tant que militant associatif, je lance un appel aux médias étrangers de venir dans les villes et localités du Sahara marocain pour avoir une idée claire et exacte de la situation. Il faut que les médias étrangers se libèrent des clichés véhiculés par la propagande du Polisario et relayée par les services de renseignement algériens. Moi qui vous parle, je vous dis qu'il m'est possible de prendre mon déjeuner à Dakhla ou Laâyoune et de dîner ou passer la nuit à Nouakchott ou Nouadhibou si j'en ai envie. Où est-ce qu'il est cet état de siège dont parlent les quatre religieux espagnols ? Ils évoquent également une forte présence militaire et policière pour intimider les populations. Quel est votre avis ? Il n'y a pas de sécurité sans autorités et forces de l'ordre pour veiller aux biens et à la sécurité des gens. Nous n'avons pas la moindre «allergie » quant à la présence des soldats ou des policiers comme ils sont d'ailleurs présents dans tout le Royaume, de Tanger à Lagouira. Ce sont des citoyens comme nous tous, il ne faut pas l'oublier, qui s'acquittent d'une lourde tâche. Les seuls que cela agace vraiment, ce sont évidemment les adeptes de l'anarchie et les hors-la-loi. Tenir de tels propos n'est rien d'autre, et j'insiste là-dessus, que reprendre les vieilles rengaines de la propagande du Polisario. Quelle réponse apporter à de telles sorties médiatiques ? Nous y répondons tous les jours, comme partout au Maroc, en vivant notre vie et en travaillant à améliorer notre vécu, non seulement au Sahara, mais partout au Maroc. Pour moi, nous avons plus intéressant à faire que de prêter attention aux divagations des ennemis de notre unité, fussent-ils des religieux. L'Initiative royale pour le développement humain, à mon sens, est notre priorité actuelle et, à ma connaissance, elle ne bénéficiera pas qu'à Casablanca, Rabat ou Fès. Des réponses, nous en avons apporté beaucoup. La marche de Laâyoune en juillet dernier en est une avec plus de 20.000 personnes qui ont manifesté pour dire qu'on ne pouvait toucher aux valeurs sacrées du Maroc et à son unité et son intégrité territoriale. Moi, je pose autrement la question : ce jour-là, quelqu'un a-t-il empêché les journalistes étrangers de faire leur travail ? Il faut plutôt aller demander au Polisario et à l'Algérie pourquoi ils continuent à séquestrer des dizaines de milliers de nos concitoyens. Que ces derniers aient le courage de lever le blocus, le vrai, imposé aux camps de Tindouf !