La Grande-Bretagne a décidé d'expulser vers leurs pays d'origine dix prêcheurs islamistes. C'est le début de la chasse aux idéologues de la violence. La Grande-Bretagne vient de déclarer la guerre aux islamistes et imams radicaux. Le gouvernement Blair a récemment interdit à un imam de revenir sur le territoire anglais et a envisagé d'expulser un autre ainsi que neuf islamistes appréhendés. La police britannique a procédé jeudi à un véritable coup de filet. Dix ressortissants étrangers furent arrêtés. Selon les autorités anglaises, les présumés présentaient une menace pour la sécurité nationale. Ils sont donc susceptibles d'être expulsés en application des récentes conventions bilatérales signées par Londres pour organiser ce "retour". Les deux Algériens Kamerddine Kharbane et Boudjmaâ Bounoua, dit Abou Anas, seraient eux aussi parmi la liste, rapporte le quotidien «El Watan». Les deux islamistes avaient trouvé refuge à Londres après l'interruption du processus électoral en Algérie en 1991. Ils sont membres fondateurs du Human Concern International (HCI), basé à Peshawar, dans le nord du Pakistan. Ils sont d'anciens membres de la direction nationale du Front islamique de salut (FIS), parti islamiste dissous par les autorités algériennes en 1992. Durant les années 90, Kharbane et Bounoua étaient chargés de prendre en charge les recrues et de les assister pour rejoindre les maquis. Les autorités de Londres auraient aussi envisagé l'expulsion du Marocain Mohamed El Guerbouzi. Ce dernier dont le nom a fait surface suite aux attentats du 7 juillet à Londres. Rappelons que la Chambre criminelle près la Cour d'appel de Rabat l'avait condamné par contumace à 20 ans de prison ferme. Par ailleurs, la Grande-Bretagne a annoncé avoir interdit à l'imam libanais Omar Bakri Mohamed, 45 ans, de revenir sur son sol. Né en Syrie, le fondateur de la branche britannique du Hizb at-Tahir, groupe voué à la création d'un "califat islamique" au Proche-Orient. Omar Bakri avait quitté Londres samedi pour Beyrouth, où il a été interpellé jeudi avant d'être relâché vendredi. Un autre imam risque d'être expulsé par les autorités britanniques. Il s'agit de Abou Katada. Ce Jordanien est considéré comme un des inspirateurs des attentats du 11 septembre 2001 à New York. La Jordanie a fait savoir vendredi matin que Londres lui avait notifié l'interpellation de Katada. Cet homme est condamné par contumace à la prison à vie par une Cour d'Amman pour avoir fomenté un "complot terroriste" en 1998. Selon le ministre jordanien de l'Intérieur, Aouni Yarfas, la Jordanie n'avait pas demandé l'extradition du présumé. «Nous sommes seulement au début du processus », a-t-il déclaré aux médias. Le ministre jordanien a précisé que le procureur général réexaminerait le dossier de l'imam radical avant de prendre sa décision. Ce climat répressif vient suite aux mesures annoncées par le Premier ministre britannique, Tony Blair, qui avait déclaré un changement dans les règles du jeu. Un climat qui inquiète les associations de défense des droits de l'Homme. Ces associations jugent insuffisantes les garanties que Londres affirme avoir obtenues de la Jordanie, du Liban et de l'Algérie, contre tout mauvais traitement pour les islamistes renvoyés dans leur pays d'origine. Par ailleurs, selon le journal «The Independent», les groupes à l'origine des attentats meurtriers du 7 juillet contre les transports publics londoniens et des attentats manqués survenus deux semaines plus tard n'étaient probablement pas liés. Cet article, qui cite des responsables de la police et des renseignements, déclare aussi que la nébuleuse Al Qaïda ne semble pas en avoir été le cerveau. Pour la police et les services de renseignements, le fait que les activistes n'étaient apparemment pas dirigés de l'étranger montre que d'autres unités "autosuffisantes" pourraient se cacher en Grande-Bretagne, écrit le journal.