Moratoire, garanties, Intelaka, financement participatif, comptes de paiement, médiation… Bank Al-Maghrib a dévoilé, mardi, son rapport annuel sur la supervision bancaire. Un panorama détaillé de l'évolution du secteur financier au titre de l'année 2020. Un exercice marqué par un contexte socio-économique assez particulier dû à l'éclatement de la crise sanitaire au niveau mondial et qui sévit au Maroc depuis mars 2020. Au niveau national, des mesures proactives ont été prises non seulement pour endiguer la propagation du virus mais également pour contourner son impact sur le plan économique et social. La politique monétaire et prudentielle engagée par le Royaume a porté sur un ensemble d'instruments ayant permis aux opérateurs d'afficher une certaine résilience en dépit d'une conjoncture jusque-là incertaine. Tour d'horizon des principales réalisations observées au titre de l'exercice 2020. Moratoire : 116 milliards DH de crédits reportés à fin 2020 L'octroi de moratoire aux ménages et entreprises figure parmi les premières mesures prises au lendemain du déclenchement de la pandémie au niveau national. Cette opération s'est déroulée en deux phases. La première a eu lieu durant le 2ème trimestre 2020. De nouveaux moratoires ont été par ailleurs accordés et ce au cas par cas tout en tenant compte de la nature de l'activité. Ce mécanisme porte en effet sur le report des crédits amortissables et de leasing de 3 à 4 mois, sans frais ni pénalités, bénéficiant aux entreprises du secteur privé et public, aux particuliers résidents et MRE connaissant des difficultés liées à la crise sanitaire. Le bilan dressé à fin 2020 fait ressortir un encours de crédits totalisant un capital restant dû de 116 milliards de dirhams représentant ainsi 11,2% des encours des crédits distribués par les différents établissements de crédit. «Pour ces crédits, le montant des échéances reportées a cumulé 9,6 milliards de dirhams», explique Bank Al-Maghrib dans son rapport qui précise que plus de la moitié des moratoires (58%) ont été accordés aux ménages contre 42% pour les entreprises dont 78% des TPME et 22% des grandes entreprises. Il ressort également que 13% des crédits reportés concernent les secteurs des industries, des hôtels et restaurants contre 11% pour le secteur des transports et communication, 10% pour le commerce et 9% pour le BTP. Intelaka : 15.085 bénéficiaires et 2,7 MMDH de prêts accordés La crise sanitaire ne semble pas avoir freiné l'élan de «Intelaka». Offre de financement portant sur des conditions très avantageuses, ce dispositif a bénéficié à 15.085 porteurs de projets d'auto-emploi et d'insertion professionnelle, de jeunes entreprises et de TPME exportatrices vers l'Afrique. La gent masculine représente en effet 84% des bénéficiaires contre 16% pour les femmes. Par ailleurs, le montant de crédits intelaka accordés a atteint à fin 2020 près de 2,7 milliards de dirhams dont 90% de crédits d'investissements et 10% de crédits fonctionnement. Aussi, 59% de ces financements sont d'un montant inférieur ou égal à 100.000 dirhams tandis que 27% des crédits se situent entre 100.000 et 300.000 dirhams. Les prêts supérieurs à 300.000 dirhams représentent un reliquat de 14%. Il est à souligner que la majorité des projets financés se situe dans le périmètre urbain (82% Vs 18% en milieu rural). De même, les crédits octroyés ont bénéficié à hauteur de 55% aux TPE contre 45% aux entrepreneurs individuels et autres personnes physiques. Se référant à Bank Al-Maghrib, on relève que 25% des prêts ont été octroyés au secteur du commerce. Les activités agricoles détiennent, quant à elles, 14% des prêts contre 13% pour l'industrie et services, 10% pour le tourisme et 8% pour le BTP. La répartition régionale de ces prêts place Casablanca-Settat en tête avec une part de 27%, suivie de Rabat-Salé-Kénitra (17%), Tanger-Tétouan-Al Hoceima (12%) et Fès-Meknès (10%). Banques et fenêtres participatives : Un produit net bancaire en amélioration de 67% Répartition par catégorie des réclamations des clients des établissements de crédit reçues par Bank Al-Maghrib Le secteur participatif a continué de générer en 2020 un résultat déficitaire. Il ressort en revanche en atténuation de 18% par rapport à 2019 revenant ainsi à -350 millions de dirhams. Plusieurs paramètres entrent en jeu. Citons dans ce sens l'atténuation de 22% du résultat brut d'exploitation (-321,1 millions DH) et le coût du risque ayant doublé à 26,8 millions de dirhams. Pour ce qui est du produit net bancaire, il s'est inscrit en amélioration comparé à une année plus tôt passant ainsi de 202 millions de dirhams à 337,1 millions de dirhams. La banque centrale relève dans ce sens une progression de 67%. «En déduisant les rémunérations versées aux Mouwakil en vertu des contrats de Wakala Bil Istithmar et aux titulaires de dépôts d'investissement, le PNB retraité ressort à 464,2 millions de dirhams, en augmentation de 60% en un an», peut-on lire dans le rapport de Bank Al-Maghrib. Et d'ajouter que « l'évolution du PNB a été soutenue par l'augmentation de la marge sur financements participatifs de 74%, à 411,7 millions de dirhams, soit 89% du PNB retraité ». A noter que le total bilan du secteur participatif s'est établi à 16,8 milliards de dirhams contre 12,2 milliards de dirhams en 2019. Une progression qui est liée, selon la banque centrale, à l'augmentation des financements Mourabaha. Ils ont vu leur part dans les emplois des établissements bancaires participatifs augmenter, passant de 75% à 80% entre 2019 et 2020. Comptes bancaires : Le taux de détention grimpe à 53% Evolution du taux de détention de comptes bancaires(nombre de particuliers ayant au moins un compte bancaire/Population adulte 15 ans) 29,9 millions, tel est le nombre total de comptes bancaires ouverts sur les livres de banques à fin 2020. Ce volume marque une hausse annuelle de 1,5 million de comptes, soit une variation positive de 5,2%. Bank Al-Maghrib relève dans ce sens que le taux de détention de comptes bancaires s'est amélioré durant cette année passant de 52% à 53%. Ainsi, le nombre de particuliers hors MRE ayant au moins un compte bancaire grimpe de 4,5% d'une année à l'autre pour s'élever à fin 2020 à 14,1 millions. De même, le nombre d'hommes détenant au moins un compte bancaire ressort à 8,8 millions à fin 2020, contre 8 millions en 2019, soit une progression de 8,2%. Pour ce qui est des femmes détenant au moins un compte bancaire, elles ont vu leur nombre augmenter à 5,4 millions contre 4,9 millions un an auparavant marquant ainsi une amélioration de 8,8%. 30.2020 comptes de paiement ouverts par les commerçants et agents détaillants S'agissant de l'évolution du nombre de comptes de paiement, Bank Al-Maghrib relève un cumul de 2.687.586 comptes au terme de 2020 contre 526.063 une année auparavant, dont 99% sont détenus par des particuliers. S'agissant des commerçants acceptants et les agents détaillants, ils ont ouvert 30.202 comptes, dont 98% sont détenus par les premiers, contre 11.236 comptes ouverts une année auparavant. Sur ces comptes, 236.259 sont considérés actifs, soit 8,8% des comptes ouverts à fin 2020. Il est à souligner qu'en 2020, les établissements de paiement ont collecté 1,2 milliard de dirhams par versement au niveau des comptes de paiement, contre 173,1 millions de dirhams à fin 2019, dont près de 73% ont fait l'objet d'un retrait ultérieur. 91% des opérations réalisées sur ces comptes consistent en des versements et/ou retraits d'espèces. Les opérations d'exécution de paiement via mobile représentent 5% des transactions effectuées, contre 4% pour les opérations réalisées via d'autres moyens de paiement (Internet, carte, virement et prélèvement). A préciser que les banques ont ouvert 730.050 comptes électroniques (m-wallets), adossés à des comptes bancaires, contre 371.116 à fin décembre 2019. La quasi-totalité de ces m-wallets est détenue par des particuliers. Par ailleurs, les comptes détenus par des commerçants acceptants forment environ 1%, soit 9.512 comptes contre 1.151 comptes en 2019.