Elle entraîne une augmentation des visites aux urgences et le risque de mortalité La qualité de l'air est devenue un enjeu majeur de santé publique qui préoccupe de plus en plus les citoyens et plus particulièrement les Casablancais. Une récente étude élaborée par plusieurs chercheurs marocains de différents laboratoires dont le Pr Chakib Nejjari, président de l'Université Mohammed VI des sciences de la santé, publiée dans la revue Aims Public Health fait ressortir une corrélation entre les concentrations des polluants : l'ozone (O3), le dioxyde d'azote (NO2), le dioxyde de soufre (SO2) et les particules fines (PM10) et les consultations pour des infections respiratoires, des pneumonies, de l'asthme. Ainsi, cette étude présente les relations entre les polluants de l'air et la morbidité et les visites aux urgences chez les enfants et les adultes dans le Grand Casablanca. Cette étude a ciblé les préfectures de Casablanca et de Mohammedia ainsi que les provinces de Nouaceur et de Médiouna. Au cours de la période d'étude, les concentrations quotidiennes moyennes de SO 2, NO 2, O 3 et PM 10 à Casablanca étaient respectivement de 209,4 μg / m 3 , 61 μg / m 3 , 113,2 μg / m 3 et 75,1 μg / m 3 . Cette étude a révélé que chez les enfants de moins de 5 ans, le risque d'asthme pourrait être augmenté jusqu'à 12% par augmentation de 10 μg / m 3 du NO 2, PM10, SO 2 et O 3. Chez les enfants de plus de 5 ans et les adultes, une augmentation de 10 μg / m 3 de polluant atmosphérique peut entraîner une augmentation jusqu'à 3% des consultations respiratoires et de 4% des infections respiratoires aiguës. Les résultats suggèrent un impact non négligeable sur la morbidité de la pollution de l'air extérieur par NO2, SO2, O3 et PM10. Rappelons que les résultats de la première étude éco-épidémiologique menée à Casablanca avaient été présentés en 2016 par le Pr Chakib Nejjari. Cette étude était destinée à mesurer les expositions aux polluants et de prédire les maladies et le nombre de consultations et d'admission aux urgences liés à la pollution atmosphérique. Elle avait ainsi permis de comparer les données relevées par les stations de mesure de la qualité de l'air dans la métropole, avec les données médicales disponibles pour mesurer le lien entre pollution et risque sanitaire. Les résultats avaient mis en évidence un lien étroit entre la qualité de l'air et la santé. «Au centre-ville, nous avons pu constater que ce sont surtout les polluants liés à la circulation automobile, à savoir les oxydes d'azote, qui sont à l'origine des problèmes de santé. En revanche, dans les zones industrielles, les oxydes de soufre et les particules en suspension ont le plus d'impact sur la santé», avait expliqué Pr Nejjari. Il avait été aussi constaté que le lendemain ou deux jours après des pics de polluants, un nombre important de consultations a lieu pour gêne respiratoire. L'OMS dans un rapport sur la pollution de l'air et la santé de l'enfant avait révélé que près de 93% des enfants de moins de 15 ans dans le monde (soit 1,8 milliard d'enfants) respirent un air si pollué que leur santé et leur développement sont gravement mis en danger. La pollution de l'air a aussi des répercussions sur le développement neurologique et les capacités cognitives et peut provoquer de l'asthme et certains cancers de l'enfant. Les enfants qui ont été exposés à des niveaux élevés de pollution de l'air peuvent courir un risque élevé de maladies chroniques telles que les maladies cardio-vasculaires plus tard au cours de leur vie. Selon l'OMS, l'une des principales raisons pour lesquelles les enfants sont particulièrement vulnérables aux effets de la pollution de l'air tient au fait qu'ils respirent plus rapidement que les adultes et absorbent ainsi davantage de polluants. Toujours selon l'OMS, la pollution de l'air endommage les fonctions pulmonaires des enfants, même à des taux d'exposition faibles. La pollution de l'air est l'une des principales menaces pour la santé de l'enfant, responsable de près d'un décès sur 10 chez les enfants de moins de cinq ans.