Le Sommet du Sud, plus connu sous l'appellation G-77, clôt ses travaux aujourd'hui à Doha. Deux principaux documents ont été soumis à l'appréciation des chefs d'Etat et de gouvernement qui y prennent part. M. Jettou, à la tête de la délégation marocaine, représente Sa Majesté le Roi. Le Premier ministre Driss Jettou est arrivé, mardi soir, à Doha où il devait représenter Sa Majesté le Roi aux travaux du deuxième Sommet du Sud. Le premier ministre devait prendre part, mercredi et jeudi, à ces travaux aux côtés des dirigeants de 120 pays dont au moins 34 chefs d'état d'Afrique, d'Asie et d'Amérique Latine. L'occasion pour le Maroc, via sa délégation officielle, de réaffirmer les positions du Maroc au sujet des grandes questions abordées lors de ce grand rendez-vous et notamment en matière de coopération Sud-Sud, du partenariat Nord-Sud, du rôle des Nations-Unies et du dialogue entre les civilisations comme meilleure parade à éviter les conflits. De grandes orientations que le Maroc a fait siennes depuis longtemps et qu'il n'a cessé de défendre à maintes reprises. C'est, entre autres, l'esprit de la lettre adressée par Sa Majesté le Roi Mohammed VI à la rencontre de haut niveau du G-77, tenue en décembre 2003 à Marrakech. Avant de s'envoler à Doha, Driss Jettou a renouvelé le souhait du Maroc de voir les pays développés poursuivre le soutien et l'assistance financière des pays pauvres. Le premier ministre a évoqué l'importance de ce sommet qui intervient quelques jours à peine après la décision des pays riches d'effacer les dettes de 18 pays africains parmi les plus pauvres, mais aussi vu la présence d'un membre comme la chine dont les échanges avec les autres pays du Sud atteignent 500 milliards de dollars. Le sommet du Sud intervient d'ailleurs au moment où les pays du G8 s'apprêtent à étudier une initiative de Tony blair, le premier ministre britannique, en faveur des pays africains. Faut-il rappeler dans ce sens que le Maroc avait récemment, sur décision de Sa Majesté le Roi, décidé d'annuler les dettes de plusieurs pays du Sahel. L'autre question des plus importantes à être abordées lors de ce sommet est celle des réformes envisagées pour l'ONU. Et là aussi, le Maroc a sa position qu'il remet sur le tapis par la voix de son ministre aux Affaires étrangères et à la Coopération. M. Benaissa, prenant part aux travaux préparatoires avec ses pairs, a plaidé en faveur de réformes de l'ONU dans le sens de permettre à cet organisme d'être plutôt un facteur de rapprochement et de réconciliation que de division. Ce deuxième Sommet du Sud, la première édition avait pour hôte Cuba en avril 2000, devrait terminer ses travaux ce jeudi avec l'adoption de deux documents avalisés au niveau des chefs de diplomatie des pays participants. Il s'agit de la Déclaration et du Plan d'action de Doha. Des textes où il est question des mesures programmées par le G-77 plus la Chine pour faire face aux exigences du développement et à une mondialisation voulue plus «clémente» pour les pays en développement. Les grands axes concernent aussi bien le développement socio-économique, l'éducation, la santé, la lutte contre la pauvreté ainsi que plus d'efforts pour contrecarrer les aléas des catastrophes humanitaires. Des documents où il est aussi question d'acerbes critiques adressées aux pays riches qui n'ont pas, dans leur majorité, respecté leurs engagements et en premier lieu celui d'allouer 0,7 % de leur PIB aux pays pauvres en guise d'aide au développement. Côté propositions concrètes, l'on notera surtout celle de l'émir du Qatar qui a plaidé pour la création d'un Fonds du Sud pour le développement. Le Qatar affirme être disposé à passer le premier à la caisse avec un don de 20 millions de dollars et porter son aide à raison de 0,7 % du PIB de l'émirat, dès 2006. Aide, promettent les dirigeants qataris, dont 15 % iraient aux pays les plus pauvres de la planète. 120 sur les 132 états membres ou associés (en plus de la Chine) participent à ce deuxième Sommet du Sud. Le groupe du G-77 a été créé en 1964 et est considéré comme la face économique du groupe des pays non alignés. Actuellement, les pays du Sud, dont les plus pauvres de la terre, abritent près de 80 % de la population mondiale globale. Ce groupement, en plus de la Chine, abrite d'autres grands pays comme le Brésil ou l'Inde. Ce dernier pays est engagé actuellement dans une polémique avec son voisin, le Pakistan. Le premier aimerait avoir droit à un siège de membre permanent du Conseil de sécurité de l'ONU avec les réformes prévues. Le deuxième s'y oppose et ce débat risque d'être source de problèmes pour ce deuxième Sommet du Sud. La troisième édition du G-77 sera tenue en 2010 en Afrique du Sud.