«Bien que l'économie marocaine montre quelques signes de reprise, la situation reste fragile étant donné la dégradation récente de la situation épidémiologique. Dans ce contexte incertain, une contraction du PIB réel de 6,3% est prévue en 2020, tandis qu'un retour au niveau préalable à la pandémie ne devrait pas intervenir avant 2022». C'est en ces termes que s'est exprimé Javier Diaz Cassou, économiste principal de la Banque mondiale au Maroc, lors de la table ronde organisée jeudi 14 janvier, pour la présentation du rapport de suivi de la situation économique du Royaume. L'occasion étant de dresser les principales analyses de la conjoncture actuelle et des perspectives économiques du pays. Le rapport de suivi de la situation économique du Maroc est en effet une publication semestrielle qui présente les dernières tendances de la conjoncture et les effets des politiques économiques. Outre la contraction du PIB réel, la Banque mondiale anticipe pour le Maroc une augmentation considérable du déficit budgétaire. Elle devrait ainsi atteindre jusqu'à 7,8% du PIB en 2020. La dette publique devrait par ailleurs dépasser les 76% du PIB. La Banque mondiale table par ailleurs sur une hausse de 6% du déficit du compte courant en 2020. Intitulé «De la riposte à la reprise, le rapport de la Banque mondiale dresse par ailleurs les résultats d'une enquête menée auprès des entreprises pour évaluer l'impact de la pandémie sur le secteur formel. Il ressort que 6,1% des entreprises du secteur formel auraient cessé leurs activités et 86,9% signalent une baisse des ventes de 50,4% en moyenne par rapport à leur niveau pré-pandémique. L'enquête fournit également des informations sur les stratégies d'adaptation des entreprises marocaines, qui incluent une utilisation croissante des lignes de soutien du gouvernement, une réduction du nombre d'heures travaillées, l'utilisation de fonds internes pour faire face aux pénuries de trésorerie et un accroissement de l'activité du commerce en ligne. Malgré la complexité du contexte, les experts de la Banque mondiale estiment que le Maroc est mieux placé que d'autres économies émergentes pour résister à cette crise, et ce grâce à la crédibilité de son cadre macro-budgétaire, à ses tampons extérieurs relativement importants et à son accès aisé aux marchés financiers internationaux. Se référant au rapport de suivi de la Banque mondiale, la crise actuelle ouvre une fenêtre d'opportunité pour éliminer les contraintes qui, dans le passé, ont limité le développement d'un secteur privé plus dynamique. «Dans le court terme, l'utilisation de tout espace politique disponible pour injecter des fonds et des capitaux propres dans le secteur privé est toujours indispensable afin d'éviter que les problèmes de liquidité ne se transforment en une vague d'insolvabilité des entreprises», apprend-on à cet effet. A plus long terme, le Maroc pourrait stimuler la concurrence et instaurer des conditions équitables pour les nouveaux entrants sur les marchés des biens et services, tout en améliorant son capital humain et ses cadres institutionnels. Par ailleurs, les politiques industrielles appropriées contribueraient à consolider la position du Maroc en tant que destination nearshoring pour les entreprises multinationales et ainsi tirer parti des opportunités stratégiques qui pourraient émerger globalement dans le monde post-pandémie.