«La pandémie de Covid-19 a eu des retentissements sur le trafic de drogues à cause des mesures de l'état d'urgence sanitaire décrétées par les autorités, notamment la fermeture des frontières et la restriction de déplacement et de circulation inter-villes, ce qui a contraint les réseaux criminels à adapter leurs modes opératoires». La lutte contre le commerce illicite de drogues et de produits stupéfiants est un défi d'envergure mondiale. Au Maroc, la DGSN s'adapte et anticipe les mutations que connaît ce phénomène qui trouve son appui dans les nouvelles technologies (communications cryptées, darknet, etc.). Parallèlement, la consistance de l'offre se développe avec l'apparition de substances psychoactives et de synthèse et des modes opératoires nouveaux. Ce trafic génère d'autres formes de violation de la loi et des phénomène tels que le blanchiment d'argent ou encore la corruption. Sans parler des connexions qu'il peut avoir avec d'autres crimes. «Pour venir à bout de ce fléau, le Maroc a adopté une stratégie multidimensionnelle et équilibrée de lutte contre la drogue, respectueuse des droits et libertés, et qui prend comme fondement le cadre normatif international», peut-on lire dans la dernière publication de la DGSN intitulée «Lutte contre le crime transnational : Résilience et réponse adaptée». Les actions prises sont renforcées par les mesures de détection, de répression et de surveillance mises en place au niveau des postes-frontières et le long du littoral, l'attaque du patrimoine et des avoirs criminels ainsi que la coopération internationale. Elles ont été «couronnées par un accroissement sans précédent des taux d'interception, et ont permis ainsi la saisie d'importantes quantités de drogues et de produits stupéfiants et le démantèlement de nombreux réseaux criminels». Avec sa stratégie anti-drogue, le Maroc n'est pas un «safe heaven» pour les narcotrafiquants. Voie terrestre privilégiée par les organisations criminelles «La pandémie de Covid-19 a eu des retentissements sur le trafic de drogues à cause des mesures de l'état d'urgence sanitaire décrétées par les autorités, notamment la fermeture des frontières et la restriction de déplacement et de circulation inter-villes, ce qui a contraint les réseaux criminels à adapter leurs modes opératoires et à changer les itinéraires pour poursuivre leurs activités illégales en empruntant des circuits éloignés et potentiellement fastidieux», explique Abderrahim Habib, commissaire de police principal et chef de service de lutte contre le trafic de drogues. En effet, il s'avère que la pandémie a désorganisé la chaîne logistique de ce trafic. Néanmoins, les trafiquants ont usé d'autres itinéraires pour poursuivre leurs activités illégales. Durant l'année 2020, les autorités ont doublé de vigilance. Au cours de cette même période, les services de la DGSN en collaboration avec la DGST ont saisi des quantités conséquentes de drogues, notamment de cannabis et ses dérivés, égalant les 217 tonnes. Alors que le nombre d'affaires traitées durant les 11 premiers mois a été réduit à 23% comparativement à 2019 (72.197 affaires en 2020 contre 90.032 en 2019), les quantités de résines de cannabis saisies sont en hausse s'élevant à 191 tonnes 917 kg contre 161 tonnes 385 kg en 2019. Les trafiquants optent pour la voie terrestre en dissimulant la drogue dans des ensembles routiers et des conteneurs de marchandises légales. S'agissant de la cocaïne, la tendance globale a reculé de près de 76% par rapport à 2019 en raison de la fermeture des voies aériennes et maritimes. Du côté des substances psychotropes, leur trafic a grandement été affecté par la pandémie atteignant une baisse de 67%. Equipes cynotechniques La DGSN dispose actuellement de 83 chiens de police opérationnels dans le domaine de la recherche de drogue. Ils sont également spécialisés dans la détection de billets de banque, qui est une nouvelle technicité qui vient de s'ajouter à leur éventail. L'intervention des équipes cynotechniques a permis de détecter 7 tonnes 736 kg et 315 g de cannabis en 2020 et 22.509 comprimés psychotropes. La science comme allié Durant l'année 2020, le service des stupéfiants et toxicologie forensique a procédé à l'analyse de plusieurs échantillons de poudre blanche, de la résine, des comprimés, des herbes et d'autres substances suspectes. «Les analyses effectuées ont permis de confirmer la nature du produit et aussi le degré de sa pureté allant jusqu'à 96%. Les experts ont permis de révéler qu'une poudre blanche saisie était seulement de la fécule», relève la même source soulignant le rôle important de la police scientifique.