Le ministère de la Modernisation des Secteurs publics est en train de finaliser une nouvelle stratégie pour la mobilité des fonctionnaires. Ces derniers seront appelés à changer de travail et de lieu de résidence. Aujourd'hui, les responsables gouvernementaux marocains peuvent très bien reconnaître que les différentes politiques concernant le redéploiement des fonctionnaires ont carrément échoué. A ce sujet, le ministre de la Modernisation des Secteurs publics, Mohamed Boussaïd, a affirmé dans en entretien accordé à ALM que "la mobilité des fonctionnaires est actuellement inscrite au rang de priorité" par le gouvernement. En fait, le statut même de la fonction publique mérite une profonde refonte. Certes, ce statut permet un redéploiement des fonctionnaires de force pour les besoins du service public. Toutefois, le gouvernement ne semble pas vouloir user de ce droit, de crainte, peut-être, que les syndicats ne décrètent la fin de la paix sociale et ne déterrent la hache de guerre. Le gouvernement opte plutôt pour des mécanismes modernes de gestion des ressources humaines. La stratégie de Mohamed Boussaïd repose en fait sur trois axes, que l'on peut résumer en un seul mot : la motivation. Pour le premier axe, revenons au statut de la fonction publique. Le ministre Mohamed Boussaîd a remarqué que ce texte "prévoit une série d'options de redéploiements des fonctionniares, sauf une seule. Celle-là même dont l'Administration marocaine a instamment besoin aujourd'hui". Il s'agit, poursuit-il, "du passage d'un fonctionnaire travaillant dans une collectivité locale vers une administration publique". Au moment où les communes marocaines connaissent un sureffectif incroyable à cause notamment de l'insouciance des élus, la loi empêche l'absorption de ce surplus par les ministères. Le dégraissage des collectivités locales se fera en deux phases. La première consistera à lancer une nouvelle opération de départs volontaires, de six mois, exclusivement réservée aux employés dépendant des conseils communaux, préfectoraux et régionaux. Ceux-ci étaient, rappelons-le, totalement exclus de la première opération des départs volontaires qui prendra fin, d'ailleurs, le 30 juin. A la suite de cette nouvelle opération, le ministère de la Modernisation des Secteurs publics lancera dans le circuit législatif une petite réforme qui permettra de transférer les employés des collectivités locales vers l'administration publique. Voilà pour ce qui est du premier axe. Le deuxième axe de la stratégie de Mohamed Boussaïd consiste à permettre un redéploiement géographique des fonctionnaires. En clair, il va falloir trouver une réponse à une question: comment faire qu'un instituteur, un médecin ou un ingénieur puisse accepter son affectation au fin fond de l'Atlas? La réponse, pour Mohamed Boussaïd, repose sur l'incitation et la motivation. Jusqu'à présent, le changement de résidence d'un fonctionnaire lui donne droit à un dédommagement modique: une centaine de dirhams. "Désormais, il va falloir mettre en place de véritables intéressements pour pousser le fonctionnaire à choisir des zones souffrant de sous-effectif", explique le ministre. Finalement, le dernier axe de cette stratégie consistera à assouplir les procédures de mises à disposition ou de détachement. En somme, le fonctionnaire doit comprendre que sa mission est d'utilité publique. Certes, il faut que sa carrière soit gérée de manière moderne et sérieuse (sans copinage), car un fonctionnaire doit se considérer comme un militant au service de son pays et de son administration. Un vœu pieux? Peut-être, mais rien n'est impossible.