Contrairement aux années précédentes, le pèlerinage juif de la Ghriba, en Tunisie, célébré jeudi et vendredi, enregistrera cette année une affluence nettement plus importante, estimée entre 3.000 et 5.000 personnes, selon les sources. Ce rite traditionnel à la fois religieux et festif a lieu chaque année dans la synagogue de la Ghriba, située sur l'île de Djerba, dans le sud tunisien. Considérée comme l'un des plus anciens monuments israélites au monde, cette synagogue a été construite au VIe siècle avant Jésus-Christ, à partir d'une pierre du Temple de Salomon, détruit par le roi de Babylone Nabuchodonosor le Chaldéen, selon la légende. Ce caractère hautement symbolique a depuis donné beaucoup d'attrait au site vers lequel convergent chaque année un grand nombre de pèlerins juifs venus de divers pays. Après avoir atteint une pointe de quelque 7.000 visiteurs en l'an 2000, ce pèlerinage a subi le coup des événements pour se réduire à quelque centaines ou tout au plus à un millier, suite au déclenchement de l'Intifada dans les territoires palestiniens, puis aux attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis et à celui qui avait ciblé la synagogue elle-même en avril 2002. Cet attentat revendiqué par Al-Qaïda, avait fait 21 victimes. "Pour cette année, il n'y a pas photo. C'est à un retour massif des pèlerins qu'on assiste", s'exclame René Trabelsi. Ce patron d'un tour opérateur basé à Paris, qui organise chaque année des vols charters vers Djerba, prévoit l'arrivée de quelque 5.000 visiteurs, dont 1.500 à 2.000 venant d'Israël, alors que son père Pérez Trabelsi, président du comité de la Ghriba, estime à environ 3.000 les pèlerins attendus. Outre les juifs de Tunisie estimés à environ 1.300 et ceux de France, d'autres viendront notamment des Etats-Unis, de Grande-Bretagne et d'Italie. Il attribue cette affluence en partie à "l'effet favorable" qu'a eu l'invitation adressée au Premier ministre israélien Ariel Sharon à participer au sommet mondial sur la Société de l'information (SMSI) en novembre prochain à Tunis. Il a en outre fait état de la venue d'une chorale de 10 enfants de Jérusalem, qui animera une soirée de fête placée sous le signe "Djerba la tolérante". René Trabelsi trouve "extraordinaire" un tel engouement, surtout après les menaces d'attentats qui avaient circulé ces derniers mois. "Cela prouve que les gens ont confiance dans la Tunisie réputée pour être une terre de tolérance", en conclut-il. Interrogé sur l'itinéraire des vols empruntés par les pèlerins israéliens, il a affirmé qu'ils devaient transiter par des capitales européennes, Paris, Rome, Istambul ou Malte. Envisagés dans un premier temps, des vols directs Tel-Aviv-Djerba ont été reportés "à une prochaine fois". Les raisons invoquées par René Trabelsi se situent d'abord, selon lui, au niveau de la non disponibilité d'un nombre suffisant d'avions, compte tenu de la grande demande à laquelle les tours opérateurs ont été confrontés et, ensuite, à un niveau politique. "Nous n'avons pas voulu forcer la main aux politiques", avance-t-il en espérant que "ce n'est que partie remise, dans l'attente de la réouverture des bureaux de représentation israélien et tunisien dans les deux pays".