Le patronat reste sur sa faim À la veille de la présentation du patronat de ses propositions pour le projet de loi de Finances 2021, Chakib Alj, président de la CGEM, a partagé lors du Conseil national de l'entreprise ses attentes par rapport à ce cadre budgétaire. M. Alj définit, dans ce sens, trois orientations phares : la protection du tissu productif, l'intégration de la dimension sociale et le regain de confiance en l'entreprise. «L'heure est à l'action. Malheureusement nous remarquons que la mobilisation, la réactivité et le sens d'urgence observé en début de crise notamment au sein du CVE ne sont plus palpables alors que la survie des entreprises et donc la pérennité des emplois sont extrêmement menacées. La crise inédite que nous traversons appelle à notre responsabilité, à notre engagement et à notre persistance. Il y va sérieusement de notre équilibre social», souligne Chakib Alj dans son mot d'ouverture. Le CNE, tenu jeudi dernier, a été une occasion de rappeler la mobilisation du patronat pour faire face à ce contexte particulier. «La CGEM s'est penchée sur plusieurs sujets dans une démarche pragmatique et constructive», rappelle Chakib Alj. Malgré les actions engagées en concertation avec le gouvernement, les patrons restent sur leur faim. Ils déplorent l'insuffisance des mesures mises en place pour une relance effective surtout dans les secteurs les plus impactés. «Nous sommes en attente de l'opérationnalisation rapide des annonces du Souverain émises à l'occasion de la Fête du Trône, notamment le fonds d'investissement stratégique pour renforcer les fonds propres dont nous sommes convaincus qu'il jouera un rôle majeur dans la reprise des secteurs sinistrés», relève-t-on du président de la CGEM qui énumère par la même occasion d'autres grandes priorités fixées pour cette rentrée économique. Sur le plan social, la CGEM appelle à l'amélioration de l'indemnité de perte d'emploi et/ou l'instauration d'autres mécanismes comme l'indemnité de chômage et la mise en place de systèmes incitatifs à la déclaration des salariés à la CNSS qui permettraient éventuellement de réduire le gap entre le formel et l'informel et de relancer l'emploi. «D'autres chantiers sociaux sont tout aussi primordiaux, notamment l'amendement de la loi sur la grève et du code du travail sur lequel nos positions sont claires et inchangées», souligne Chakib Alj. La question de la commande publique est, aussi, érigée en priorité. La récente circulaire du chef de gouvernement sur la commande publique a, certes, été bien accueillie par les membres de la Confédération mais elle demeure toutefois insuffisante. Il est ainsi recommandé de mettre en place de nouvelles dispositions relatives à la réglementation des marchés publics en vue de rendre effective cette préférence nationale. Se référant à Chakib Alj, il est question de l'élargir aux établissements et entreprises publics et de l'appliquer à tout type de marché que cela soit en matière de fournitures de travaux ou de services. «Vu la conjoncture actuelle, nous avons besoin plus que jamais à des niveaux soutenus de la commande publique à travers le partenariat public-privé, mode de financement alternatif pour les projets structurants que mène notre pays». S'agissant de la TPME, la CGEM appelle à mettre en place un «Small Business Act» afin de garantir à la TPME plus d'accessibilité à la commande publique avec des incitations et des garanties appropriées». La CGEM se fixe, également, pour priorité la préservation de la compétitivité des entreprises, et porte énormément d'espoir sur la mise en place du fonds d'investissement stratégique et sa déclinaison sur le terrain. Par ailleurs, le patronat insiste sur la création d'un statut fiscal et social incitatif. En dépit de toutes les difficultés rencontrées sur le terrain ces 5 derniers mois, le patronat voit en cette crise sanitaire une opportunité à saisir au plus vite. Le président de la CGEM estime, à cet effet, que la phase relance de l'économie nationale doit permettre d'améliorer le climat des affaires et repositionner le pays dans des chaînes de valeur mondiales, d'où la nécessité de revoir les accords de libre-échange, d'encourager l'innovation, d'opérer la modernisation du système judiciaire, d'aboutir à la réforme de la charte de l'investissement et de mettre en place un e-gov efficient au profit des citoyens, de l'entreprise et du secteur public.