L'étude gouvernementale sur la création de pôle de retraites bientôt dévoilée L'effet de la réforme paramétrique des retraites n'est plus qu'un souvenir. L'écart entre les cotisations collectées et les prestations servies repart à la hausse. Lors du dernier conseil d'administration de la Caisse marocaine des retraites (CMR), les résultats de la Caisse ont été dévoilés. Il en ressort ainsi que les cotisations encaissées en 2019 s'élèvent à 31,9 MMDH contre 39,7 MMDH de prestations servies, soit un écart de 7,8 milliards de dirhams. Certes, les fondamentaux financiers de la Caisse se sont améliorés au cours des dernières années avec notamment un taux de rendement de 5,35% au titre de l'exercice 2019, soit 4,11 milliards de dirhams (MMDH), en nette amélioration par rapport à 4,36% enregistré en 2018, avec une plus-value latente de 16,3 MMDH. De même l'encours de la gestion s'est élevé à 92,2 MMDH au cours de l'année écoulée, selon les données fournies par la CMR à l'issue de son conseil d'administration en mode visioconférence, sous la présidence du ministre de l'économie, des finances et de la réforme de l'administration, Mohamed Benchâboun. Mais l'écart entre les cotisations et les prestations risque de s'accélérer au cours des prochaines années menaçant la solidité du régime. De leur côté, les responsables veulent agir au plus vite. Dans ce sens, l'étude commandée par le gouvernement concernant la création d'un pôle de retraite public et un autre privé est prête. Sa publication a été retardée en raison de la crise sanitaire actuelle liée à la Covid-19. La réforme systémique qui risque d'en découler va probablement déboucher sur des changements importants. Si les responsables n'ont pas encore dévoilé les détails de l'étude en question qui va cependant, confirmer le crainte sur la pérennité des régimes à terme que ce soit dans le public ou bien le privé, des idées sur la prochaine réforme sont en train de faire leur chemin. C'est le cas pour la fusion entre la CMR et le RCAR (Régime collectif des allocations de retraites). Cette piste est plus que jamais d'actualité et une éventuelle fusion est sérieusement étudiée. Cette éventualité doit faire face à certains grands défis liés aux particularités de chaque régime, à savoir la CMR et le RCAR. C'est le cas notamment pour les taux de cotisations appliqués et la base de calcul des pensions qui diffèrent sensiblement. Si la fusion s'avère difficile, les responsables pourraient maintenir les deux régimes mais dans le cadre d'une seule caisse. Une chose est sûre en tout cas. Les deux régimes cumulent des réserves impressionnantes qui s'approchent des 240 milliards de dirhams (pratiquement 100 milliards pour la CMR et plus de 140 milliards pour le RCAR). Quoi qu'il en soit, l'Etat est condamné à agir au plus vite pour immuniser les régimes de retraites. D'ailleurs, le temps commence à presser. Dans ce sens, le dernier rapport sur la stabilité financière, publié par Bank Al-Maghrib conjointement avec l'Autorité de contrôle des assurances et de la prévoyance sociale (ACAPS) et de l'Autorité marocaine du marché des capitaux (AMMC), a placé la gestion des caisses de retraites en tête des priorités. Dans le détails, le document montre que les prestations servies par ces régimes gérés par la CMR, la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) et la Caisse interprofessionnelle marocaine de retraite (CIMR) ainsi que le RCAR ont atteint 52,6 MMDH, ce qui représente 4,6% du PIB. La même source avait signalé que l'effectif des actifs cotisants s'est établi à 4,7 millions représentant 42,4% de la population active occupée, notant que les réserves constituées par ces régimes se sont accrues de 3,3% par rapport à 2018 pour se situer à 320,4 MMDH. Les réserves du régime des pensions civiles (RPC-CMR), dont le solde global est déficitaire depuis plusieurs exercices, ont enregistré une baisse annuelle moyenne de 2,4% sur les trois derniers exercices pour se situer à 80,2 MMDH en 2019.