Deux attentats, survenus à moins de deux heures d'intervalle, ont fait trois morts et neuf blessés samedi après-midi au Caire. Les attaques ont été revendiquées par deux groupes islamistes. Deux attentats ayant visé des touristes ont secoué samedi après-midi la capitale égyptienne. Survenus en plein cœur du Caire, les attentats ont fait trois morts (un kamikaze, sa fiancer et sa sœur) et neuf blessés. Le kamikaze, Ihab Yousri Yacine, a fait exploser une bombe artisanale remplie de clous. La détonation a fait huit blessés : un couple d'Israéliens, un Italien, un Suédois et quatre Egyptiens, selon la police. À 16 heures locales (13 H GMT), le kamikaze s'est fait exploser en sautant d'un autopont place Abdel Moneim Riyad, derrière le Musée du Caire, en face de l'hôtel Ramsès Hilton, une zone de transit de bus de voyageurs égyptiens, selon le ministre de la Santé, Mohamed Awad Tag Eddine. "L'explosion a été causée par une bombe très rudimentaire pleine de clous. La plupart des blessures étaient superficielles", a déclaré Mohammed Awad Tag Eddine en précisant que le Suédois était le plus sérieusement atteint, avec des blessures au visage. Le ministre a ajouté que les blessés ont été transportés à l'hôpital de Kasr El-Aïni, proche de la zone. Et leur vie ne serait pas en danger, a-t-il affirmé. Moins d'une heure plus tard, dans un quartier très touristique, deux femmes ont tiré sur un bus de touristes sans l'atteindre. Selon la police, une des deux femmes a tué sa complice en lui tirant dessus avant de se donner la mort. Les autorités ont indiqué qu'il s'agirait de la sœur et de la fiancée du kamikaze. Le kamikaze, Ihab Yousri Yacine, présumé membre du groupe de terroristes qui a perpétré un attentat-suicide le 7 avril contre des touristes serait recherché par la police, ont indiqué les autorités égyptiennes. Deux groupes islamistes ont revendiqué la responsabilité des attaques sur Internet, mais l'authenticité de ces communiqués n'a pu être établie. Le premier groupe se présente sous le nom de «Brigades d'Abdullah Azzam». Ce groupe a revendiqué les deux attentats perpétrés pour venger la mort des responsables des attaques de l'an passé dans le Sinaï égyptien et l'arrestation consécutive de milliers de personnes. «Les crimes que vous avez commis contre le peuple du Sinaï ne seront pas facilement oubliés», lance le groupe au président égyptien Hosni Moubarak, dans un communiqué publié sur un forum Internet utilisé par des militants islamistes. «Le temps de votre renvoi est venu», poursuit le communiqué. Le nom de ce groupe fait référence à un militant palestinien, Abdullah Azzam, proche d'Oussama ben Laden tué en Afghanistan. Rappelons que les Brigades d'Abdullah Azzam avaient revendiqué les attentats du Sinaï contre les stations balnéaires de Taba et de Ras Shita. Ces attentats ont fait 34 morts et une centaine de blessés. Le second groupe ayant revendiqué les attentats s'appèle les Moudjahiddin de l'Egypte. Parallèlement, dans le cadre de l'enquête sur ces attentats, deux cents personnes ont déjà été arrêtées, ou simplement interpellées. La classe politique et religieuse égyptienne a d'une seule voix condamné ces attaques. Les Frères musulmans ont exhorté le gouvernement à ne pas utiliser ces attaques comme prétexte pour ralentir les réformes réclamées par l'opposition. Les plus hautes autorités islamiques, le cheikh d'Al-Azhar et le mufti d'Egypte, ont qualifié ces attaques d'actes «abjects». Ces attentats surviennent trois semaines après l'attaque qui avait coûté la vie à deux touristes français et à un Américain dans le bazar de Khan Al-Khalili, le 7 avril. Comme les responsables des attaques de samedi, la dizaine de personnes arrêtées dans le cadre de cette affaire n'avaient qu'une vingtaine d'années. Ces deux attentats, qui coincident avec la pression de la rue sur le président Moubarak, vont sûrement affecter l'économie égyptienne qui dépend beaucoup du secteur touristique.