L'Association des parents et amis d'enfants inadaptés (APAEI) risque de fermer ses portes. Dettes, comptes à sec et documents volatilisés : l'héritage de l'ancienne présidence est lourd en raison d'un détournement de fonds estimé à 6 millions de dirhams. L'Association des parents et amis d'enfants inadaptés (APAEI), à Casablanca, est menacée de fermeture. Et pour cause, non seulement ses comptes sont au rouge, mais elle est également criblée de dettes. L'affaire de détournement de fonds, de malversations et de mauvaise gestion de l'APAEI a éclaté au grand jour depuis que certains parents ont montré du doigt Abdellah Guennouni, l'ex-président de cette association. Le tribunal de première instance de Casablanca-Anfa a donné gain de cause aux plaignants vers la fin du mois de décembre 2004. C'est ainsi que Abdellah Guennouni a été condamné, pour abus de confiance, falsification de documents officiels et détournement de fonds, à une peine d'emprisonnement d'une année, Mohamed Saoui, l'ex-trésorier, à 10 mois, et deux des employés de l'APAIE à 6 mois chacun, Idriss Abid et Abdelkhalek Baydek. Les inculpés ont, tout de même, interjeté appel. Le plus audacieux d'entre eux est Abdellah Guennouni qui même après le verdict du tribunal et, de ce fait, sa destitution de son fauteuil de présidence de cette association, continue d'agir en tant que tel. Preuve à l'appui, Ali Rédouane, l'actuel président, affirme que Abdellah Guennouni a adressé une lettre, datée du 4 février dernier, aux cadres et employés de l'APAEI dans laquelle il les exhorte à quitter les locaux de l'association. « En agissant de la sorte, l'ex-président ajoute à l'abus de confiance, à la falsification de documents officiels et au détournement de fonds que nous estimons à au moins 6 millions de dirhams, une nouvelle inculpation : il s'agit de l'usurpation de fonction », précise Ali Rédouane. Pour prendre les choses en main après le verdict du tribunal, les parents ont organisé au mois de janvier dernier une assemblée générale extraordinaire afin d'élire un nouveau bureau présidé par Ali Rédouane et composé de huit autre membres. Dès les premiers jours de son exercice, ce bureau a été confronté au lourd héritage légué par Abdellah Guennouni, aux commandes depuis 23 ans. « L'ex-président a laissé les comptes de l'APAEI au rouge, note Ali Rédouane. Chaque jour, nous découvrons les défaillances et les irrégularités de la gestion d'Abdellah Guennouni. Nous sommes également criblés de dettes et certains fournisseurs menacent de saisir les biens de l'association». D'ailleurs, la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) réclame 3.909.478 de dirhams à l'APAEI. Pour sa part, la Lydec vient d'adresser à cette association une lettre dans laquelle elle exige un payement d'un montant de 83.316 dirhams, pour une consommation illégale d'eau. « En fait, l'ancien président a procédé à un branchement en eau du site de Dar Bouaâzza d'une manière illicite. Nous avons ainsi déposé une plainte auprès du tribunal de première instance de Casablanca. Mais, jusqu'à présent, l'ancien président n'a pas encore répondu aux convocations de la police qui enquête sur cette affaire-là », ajoute Ali Rédouane. Une enquête a été également diligentée par les agents de la Lydec où l'on a découvert que la maison d'accueil et de thérapie de Dar Bouaâzza est branchée sur le réseau d'eau sans système de comptage. «Aujourd'hui, l'établissement ne fait que survivre. Et ce sont finalement nos enfants qui payeront le plus pour la mauvaise gestion de l'ancienne présidence », s'indigne Touria Moubarik, mère d'un enfant handicapé et membre du bureau de l'APAEI. Sur la même longueur d'ondes, une autre mère conclut, avec amertume, : « les responsables de la déconfiture sont insouciants tandis que les 350 enfants handicapés mentaux de l'APAEI trinquent ».