Le ministre de la Communication se réunira, certainement cette semaine, avec les députées de la Chambres des représentants pour étudier la manière de valoriser le travail qu'elles accomplissent. Il y a deux semaines environ, une vingtaine de femmes députées, originaires de pratiquement tous les horizons politiques (sauf le PPS), ont signé une lettre adressée au ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement, Nabil Benabdellah. Dans cette missive, les signataires décrètent le boycott des deux chaînes de télévision (TVM et 2M) car, pour elles, ces mêmes "chaînes marginalisent leurs activités". Contacté par ALM, le ministre Nabil Benabdellah, a estimé que "cette affaire est, semble-t-il, née à la suite d'un malentendu entre le directeur de l'information de la TVM, Ali Bouzerda, et une députée du FFD, Bouchra El Khyari". Cette dernière ayant annoncé, en séance plénière de la Chambre des représentants, que le directeur de l'information de la TVM lui aurait "raccroché au nez". Dans une déclaration accordée à ALM, Ali Bouzerda a affirmé que "la conférence de rédaction de la TVM est souveraine et indépendante. Et c'est elle qui décide, en toute objectivité, du choix des sujets à diffuser et de leur classement". En tout cas, le ministre de la Communication pense que toute cette affaire a été "anormalement grossie". Et pour cause, plusieurs députées se sont empressées de soulever la question du traitement que réservent les deux chaînes publiques (et pas seulement la TVM) aux activités qu'elles organisent. L'une des signataires de la lettre adressée au ministre de la Communication, la députée du RNI, Souad Lakrafes a rappelé que "le Maroc compte 35 femmes à la Chambre des représentants et 3 au niveau de la Chambre des conseillers. Et pourtant, nos activités sont quasiment inconnues du grand public". Souad Lakrafes ajoute: "les médias publics doivent comprendre qu'il est de leur rôle de dévoiler au grand jour l'action des femmes députées". Par cette lettre adressée au ministre de la Communication, "nous n'avons pas du tout l'intention de polémiquer, mais nous manifestons uniquement notre protestation", poursuit-elle. Le ministre Nabil Benabdellah a également affirmé que probablement au cours de cette semaine, "une rencontre aura lieu avec les membres de la commission parlementaire chargée du secteur de la communication afin de voir dans quelle mesure les médias publics peuvent valoriser le travail accompli par les femmes députées". Et ironie du sort, c'est une femme qui préside cette commission: la députée du PJD Soumaya Benkhaldoune. Mais avant, le ministre n'a pas écarté la tenue de rencontres avec des députées, au sein même de son bureau, pour débattre de cette question. Pour sa part, Bouchra El Khyari, tout en rappelant que l'interpellation du ministre de la Communication est une idée qui date de plusieurs semaines, a émis le souhait de voir "les médias publics consolider l'expérience de la femme marocaine au Parlement, surtout que cette expérience est citée en modèle à l'étranger". En fait, ces parlementaires craignent que la place de la femme au sein des instances élues ne soit réduite comme peau de chagrin. Bouchra El Khyari en veut pour illustration "les dernières consultations communales, à la suite desquelles le nombre de femmes conseillères n'a guère dépassé les 1%".