Pour le président de la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM), Hassan Chami, c'est à la France d'entretenir sa place privilégiée dans l'échiquier économique marocain. Cela passe à ses yeux par davantage d'investissements. ALM : La visite en France du Premier ministre Driss Jettou a été marquée par un discours rassurant. Un tel constat, ne laisse-t-il pas entendre une crainte de la France de perdre sa place de partenaire privilégié du Maroc ? Hassan chami : Il va sans dire que la France dispose d'une position économique des plus importantes au Maroc. Facette d'un partenariat tous azimuts et fruit d'un long héritage, cette place est, faut-il le reconnaître, quelque peu déstabilisée par la vague d'ouverture économique qu'opère actuellement le Maroc. Ceci dit, il appartient à la France d'entretenir sa place privilégiée dans l'échiquier économique marocain. Comment? en portant plus d'intérêt aux opportunités offertes par le Maroc et en y réalisant plus d'investissements. Dans cette optique, il est à constater que la présence économique française dans notre pays est toujours l'apanage des grands groupes. Les PME-PMI, qui représentent la part du lion de l'économie française, sont toujours le chaînon manquant. En s'intéressant à cette question, la France pourra non seulement garantir plus de présence au Maroc, mais aussi contribuer à l'effort de mise à niveau que connaissent les économies aussi bien françaises que marocaines. Parmi les partenaires privilégiés du Maroc, l'Espagne, un pays européen. La relance des relations maroco-espagnoles, serait-elle à l'origine de ces craintes ? L'intérêt des entreprises espagnoles pour le Maroc ne date pas d'aujourd'hui. Chaque jour, cet intérêt est manifeste et il est traduit sur le terrain par les investissements et les implantations auxquelles procèdent les entreprises ibériques dans notre pays. Il est dans ce sens normal que l'Espagne jouisse d'une position importante. Mais une chose est à préciser, cela ne signifie nullement qu'un intérêt en remplace un autre. Que le Maroc élargisse le nombre de ses partenaires économiques ne veut pas dire que cet élargissement se fera au détriment des partenaires historiques, à commencer par la France, notre allié politique et économique de toujours. Est-il important pour le Maroc d'avoir des partenaires privilégiés ? Le Maroc a depuis des années fait le choix d'arrimer son économie à celle de l'Union européenne. Ce choix ne peut se faire sans que le Maroc dispose d'appuis dans la rive nord de la Méditerranée. Ceci est d'autant plus vrai que plusieurs autres pays du l'UE, ceux qui ne font pas partie du pourtour méditerranéen notamment, ont les yeux tournés vers un développement inter-européen. Je pense notamment aux pays de l'Europe de l'Est. Avoir des partenaires comme la France et l'Espagne, c'est disposer d'une garantie que l'UE œuvrera toujours pour un partenariat euro-méditerranéen durable, stable et profitable aux deux rives. Qu'en est-il des nouveaux partenaires économiques, comme les USA et la Turquie, avec lesquels le Maroc est lié par des accords de libre-échange ? Ces partenariats s'inscrivent dans la droite ligne de l'ouverture économique que connaît le Maroc. Ils répondent à la volonté aussi bien du Maroc que celle des pays partenaires d'élargir leur coopération économique et de faire du Maroc une plate-forme d'échanges commerciaux avec d'autres régions. En cela, tout le monde se retrouvera gagnant. Il n' y a donc rien à appréhender ni pour nos partenaires, ni pour notre propre économie. Celle-ci étant par ailleurs, et avant tout, appelée à se mettre à niveau et à assurer la compétitivité du produit marocain.