Dans un contexte très concurrentiel, souscrire à une assurance est devenu simple. A côté des distributeurs traditionnels - courtiers d'assurances, agents généraux- les Banques ont récemment investi le marché. Faraj Benwahoud, membre influent du comité directeur de la Fédération nationale des agents et courtiers d'assurances au Maroc (FNACAM) nous livre son regard sur un secteur qui fait l'objet de polémiques. ALM : Quel est le poids réel de la FNACAM ? Faraj Benwahoud : Acteurs de distribution d'assurance, nous comptons actuellement plus de 800 membres dont plus de 300 adhérents à la FNACAM. Notre objectif est de faire adhérer le plus grand nombre. Aussi, nous oeuvrons dans l'intérêt de la distribution. Sur le volet législatif, notre souci est de prendre part à l'élaboration d'un meilleur cadre réglementaire. Je tiens à rappeler que le secteur est encore embryonnaire. La pénétration de l'assurance dans une économie est définie comme étant la part de ce secteur dans le P.I.B. (Produit Intérieur Brut) du pays concerné. C'est un indicateur plus significatif que la densité d'assurance. Selon le taux de pénétration, le classement par pays place l'Afrique du Sud en pôle de position avec un taux de 16,86 % en 2000, devant le Royaume-Uni (15,78 %), la Corée du Sud (13,05 %), la Suisse (12,42 %) et le Japon (10,92 %). Le Maroc occupe le 45e rang. C'est dire le chemin qui reste à parcourir. Quelles sont les contraintes rencontrées par la FNACAM ? Nous souffrons d'un manque flagrant de concertation. Par le passé, nous nous devions de prouver le degré de notre représentativité. Actuellement, nous nous attaquons au manque de concordances dans les visions. L'enjeu est capital. Face à la force de frappe commerciale des réseaux bancaires et l'arrivée imminente des nouvelles technologies, les réseaux traditionnels de l'assurance sont à la recherche de nouvelles voies. Cependant, la dimension irréductiblement humaine ne peut être dépassée. Aussi, le contexte de libre-échange et d'ouverture dans le Maroc est l'un des acteursqui fait que nous évoluerons désormais dans un contexte ouvert. Par conséquent, n'importe quel acteur peut se lancer sur notre marché. Est-il donc normal de cantonner le réseau traditionnel à un seul point de vente ? Les règles ne sont plus les mêmes pour l'ensemble des intervenants. Les distributeurs traditionnels doivent avoir une licence et un ensemble de critères à remplir dont un examen. Cette injustice est à dissiper. Globalement, la question de la non-association des intermédiaires du secteur aux discussions reste posée. Quelles sont vos propositions pour dépasser ce cap ? Nous oeuvrons à une meilleure organisation du réseau de distribution pour éviter une série de faillites. L'objectif est le développement du secteur avec la création et surtout le maintien d'emplois pour les régions. Il est inconcevable que le savoir-faire de 28 années d'exercice s'efface du jour au lendemain. Nous avons entamé une large action de sensibilisation auprès de la chambre des Conseillers dont l'objectif final est d'instaurer une culture de communication à même d'expliquer la culture de l'assurance qui reste complexe d'accès à plusieurs représentants. Pouvoir formuler des décrets rectificatifs au code des assurances en serait le sacre. Nous misons sur le changement du 1/3 des conseillers, issus des chambres de commerce, pour mieux répondre aux attentes des entreprises. Quel regard portez-vous sur les dernières polémiques autour des accidents de travail et le tiers payant ? Pour les accidents de travail, nous nous réjouissons des amendements intervenus. Par contre, je regrette que le législateur soit peu enclin à prendre la composante-temps en considération alors que le devenir de 66 000 entreprises soit en jeu. Cependant, la porte a été laissée grande ouverte face aux dérives et aux excès. Le non contrôle de la délivrance des IPP par les médecins sans aucune barrière ou gardes-fous peut avoir des répercussions graves. Malgré l'élargissement de l'assiette, ce n'est pas dit que tout le monde s'y conformera, alors que des solutions existent. À titre d'exemple, la multirisque habitation peut mettre des pans entiers de l'économie dans la légalité pour des sommes modiques. Pour le différend entre cliniques et assureurs, s'inspirer des cas vécus ailleurs, en Afrique du Sud notamment, peut représenter une solution. Les assureurs, intermédiaires et autres bailleurs de fonds peuvent être propriétaires de cliniques. Ainsi, l'épineux problème de l'amortissement des investissements prévu en deux ans actuellement, peut bénéficier un délai d'amortissement plus sérieux. Ceci est le meilleur rempart contre les excès de certains praticiens en plus des pratiques occultes du système.