Elles ont discuté de l'urgence climatique au niveau continental Après le rapprochement et l'action, les Panafricaines passent au changement. La troisième édition du Forum des femmes journalistes en Afrique «Panafricaines» marque un nouveau tournant pour ce réseau qui est certes fraîchement créé mais reste «très influent». Un tournant dans la mesure où ce rassemblement a réussi, en un laps de temps, à fédérer l'ensemble des journalistes femmes du continent et à gagner l'estime de grandes institutions internationales à l'instar des Nations Unies. Dans un message adressé aux participantes, Antonio Guterres a salué l'action des Panafricaines. Après avoir énuméré les enjeux du dérèglement climatique sur l'Afrique, le secrétaire général de l'ONU a affirmé qu'il n'est pas trop tard pour agir. «En tant que journalistes, vous jouez un rôle essentiel, non seulement pour informer, mais aussi pour redonner l'espoir et inciter à l'action. Je compte sur vous pour mettre en lumière l'impact climatique, mais aussi les solutions qui s'offrent à nous», recommande-t-il. Cette action initiée depuis 2017 par 2M et portée par radio 2M et le comité parité et diversité de la chaîne, ne cesse de gagner en notoriété confirmant ainsi le pouvoir des femmes à porter la voix de l'Afrique et à influencer sur des sujets importants. Pas moins de 300 journalistes femmes issues des 54 pays d'Afrique se sont réunies les 6 et 7 mars à Casablanca pour débattre d'une problématique transversale, à savoir l'urgence climatique. L'objectif étant de stimuler le débat autour de cette problématique capitale pour le continent et d'enrichir les connaissances du grand public africain sur l'impact du réchauffement planétaire et sur les mesures d'adaptation à engager. Retour sur les moments forts de cet événement. Les Panafricaines accueillies par le chef de la diplomatie C'est désormais une tradition pour les Panafricaines. A la veille de chaque édition, une petite escale au ministère des affaires étrangères, de la coopération africaine et des Marocains résidant à l'étranger s'impose et ce pour un petit-déjeuner convivial et riche en échange. «Traiter de la question du changement climatique n'est pas un luxe pour l'Afrique, c'est une urgence et une nécessité», souligne Nasser Bourita aux 150 membres du réseau «Panafricaines» en visite, jeudi 5 mars, au département ministériel. M. Bourita a, dans ce sens, insisté à ce que les «Panafricaines doivent être les porte-voix d'une Afrique qui passe du plaidoyer à l'action». Le chef de la diplomatie marocaine a rappelé à cette occasion les engagements du Maroc en termes de promotion des énergies propres ainsi que des ambitions du Royaume à porter la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique marocain à 52% d'ici 2030. Afrique, femme et climat… L'urgence du changement a été soulignée tout au long des travaux de la troisième édition des Panafricaines. En plénière comme aux ateliers, les Panafricaines ont plaidé pour un changement de paradigmes afin de lutter efficacement contre le déréglement climatique au niveau continental. «Afrique, femme et climat» a été le titre phare des deux jours des travaux. Une triade qui s'inscrit en harmonie avec la vision de 2M, initiatrice de l'événement. «Les Panafricaines se positionnent à l'intersection de trois vocations de 2M : le rayonnement du Maroc et du continent, la mise en valeur des femmes et la protection de l'environnement. Trois valeurs qui nous sont chères et qui font partie intrinsèque de notre engagement citoyen», relève-t-on de Salim Cheikh, directeur général de 2M. Bien que l'Afrique soit un continent moins pollueur, la région est lourdement impactée par les aléas climatiques. Le Sud du Soudan est une parfaite illustration de l'impact des phénomènes climatiques sur les populations locales. «Les inondations que certains de nos pays connaissent en raison du dérèglement climatique ont de graves conséquences. Par exemple, l'année dernière, elles ont été à l'origine de conflits dans un pays comme le Sud Soudan. Elles menacent sérieusement la sécurité alimentaire de nos pays et causent des flux migratoires importants», témoigne dans ce sens Ajak Muara Metbeni, journaliste sud-soudanaise. Pari gagné Tout au long des travaux, les Panafricaines ont tenu à partager l'expérience de leurs pays respectifs dans la lutte contre le changement climatique. Des ateliers animés par des experts ont été au programme, permettant ainsi à l'ensemble des participantes d'émettre des recommandations pour définir le plan d'action de l'année 2020. Après vote électronique (24 % des voix), les participantes ont placé la thématique des «médias acteurs du changement» en tête des priorités. L'atelier relatif à cette thématique a pris la forme d'un groupe de travail itinérant. L'idée étant de réunir les différentes propositions des Panafricaines et réfléchir à leur concrétisation. Ainsi, l'ensemble des recommandations émises lors des différents ateliers fera l'objet d'une réflexion approfondie de leur mise en œuvre.