Deux marches, une seule cause : le rejet de l'intégrisme est le mot d'ordre des deux manifestations de dimanche à Casablanca. Au moment où nous mettons sous presse, aucun accord n'a été enregistré entre les partis de la majorité et le Front unifié contre le terrorisme et l'extrémisme et pour la Paix, la Tolérance et la Démocratie, sur la tenue d'une marche unifiée à Casablanca. Pour des responsables de l'USFP, cette marche sera constituée de tous les partis politiques, en dehors de l'Association du Cheikh Yassine, Al Adl Wal Ihssane et du PJD ( Parti de la justice et du développement), qui a été soutenu par le Parti de l'Istiqlal ( PI). Ce dernier n'a renoncé qu'après s'être enquis de la prédisposition des socialistes de l'USFP à tenir leur propre marche. Interrogé sur les raisons de l'échec des efforts appelant à l'unification des rangs des manifestants du dimanche, un responsable socialiste de casablanca est dit outré par certaines pratiques qui témoignent de la survivance de certaines séquelles gauchistes n'ayant aucune représentativité réelle, ni au sein de leur parti ni au niveau de la société civile. Mais qui trouvent toujours le moyen de s'ériger en tant que dirigeants de manifestations populaires. En revanche, le secrétariat provisoire du Front Unifié contre le Terrorisme et l'Extrémisme et pour la Paix, la Tolérance et la Démocratie, créée au lendemain des attentats perpétrés vendredi dernier dans la capitale économique, a rejeté tout compromis à unifier la marche qu'il organise avec celle des partis de la majorité parlementaire. S'exprimant lors d'une rencontre avec la presse, tenue mercredi à l'Hôtel Farah (un des lieux visé par les attentats terroristes), la porte-parole du Front, Najat Ikhich, a tenu à rappeler que ses composantes étaient les premières à avoir appelé à l'organisation d'une marche contre le terrorisme qui a frappé Casablanca et sa population, et qu'«il faut que le comité préparatoire de la marche des partis de la majorité le lui reconnaisse», se déclarant disposé a négocier avec ce comité pour une coordination en vue d'organiser une marche unifiée mais sans participation des islamistes. L'autre condition du Front est que les familles des victimes occupent les premiers rangs de la marche suivies des femmes, car ces dernières étaient les premières dans le collimateur des islamistes. Les femmes ont fait, en effet, l'objet «d'actes de violence du terrorisme islamiste aussi bien dans les prêches que dans les établissements scolaires et les médias». Viendront, ensuite, les enfants «pour revendiquer le droit à la vie», puis les partis politiques, a soutenu Najat Ikhich. Le secrétariat du Front a, par ailleurs, révélé que le Parti de la Justice et du Développement ne cesse d'exercer des pressions, par l'intermédiaire d'un des partis de la majorité parlementaire, en faveur de sa participation à la marche populaire contre le terrorisme alors que l'Union Socialiste des Forces Populaires (USFP) et le Parti du Progrès et du Socialisme (PPS) s'y opposent. Toutefois, «Al Badil Al Hadari» et «Al Haraka Min Ajli Al Oumma» avaient pris part à la dernière réunion du comité préparatoire de l'autre marche, ce qui a poussé les représentants du Front à se retirer. Ces deux derniers courants appartiennent au Bloc démocratique, lié à la Gauche socialiste unifiée. Un fait qui explique les difficultés de son expression à cet égard. Cela dit, la marche à laquelle ont appelé les partis de la majorité sera marquée par l'unité de son mot d'ordre portant sur le refus du terrorisme et les quelque 100.000 drapeaux du Maroc. Les familles des victimes des attentats seront dans les premiers rangs des deux manifestation, et ce même si la communauté juive a choisi le camp de la majorité politique.