Une nouvelle ère pour les traitements des maladies cancéreuses commence, particulièrement pour le cancer du sein : celle de la chimiothérapie par voie orale et de l'immunothérapie par ciblage et destruction des cellules cancéreuses sans altération des tissus sains. Ce constat scientifique est de nouveau mis en valeur, lors du 11 Congrès national de cancérologie tenu à Casablanca fin avril 2003, ainsi que lors de la journée médicale sur le cancer du sein au Maghreb, organisée à l'hôpital militaire d'Alger les 2 et 3 mai 2003. Ces données tangibles sur les nouvelles thérapeutiques anticancéreuses du sein, ont été étayées par l'excellente conférence de synthèse du professeur Pierre Pouillart, de l'Institut Curie de Paris, considéré par ses pairs comme un pionnier de l'oncologie médicale . Lors la session internationale de cancérologie de Casablanca, à laquelle ont assisté des spécialistes français, mauritaniens et saoudiens, le professeur P. Pouillart, a fait un brillant exposé sur les avancés thérapeutiques dans le cancer du sein, qui est la première cause de mortalité par cancer chez la femme et la troisième cause de mortalité en général dans le monde. Pour sa part, le professeur Errihani Hassan, chef du service d'oncologie médicale à l'Institut national de cancérologie Sidi Mohammed Ben Abdellah, (INO), précise que le cancer du sein est la première localisation cancéreuse chez la femme maghrébine. Cependant la grande problématique réside dans le fait que les femmes tunisiennes et algériennes ont une couverture médicale respectivement de 60% et 80%, assurant ainsi une disponibilité des médicaments, selon les protocoles thérapeutiques les plus récents, ce qui n'est pas le cas pour la femme marocaine. Même dans les situations de cancers de seins avancés, une thérapeutique appropriée, augmente la survie de plusieurs mois à plusieurs années avec une meilleure qualité de vie. Enfin, une voie thérapeutique royale à privilégier, essentiellement pour les femmes porteuses d'un cancer avancé avec des métastases : l'association de deux familles de médicaments (Xeloda et Taxotère), qui bouleverse le présent et l'avenir du traitement du cancer du sein. Ainsi, les nouvelles thérapeutiques anticancéreuses, à efficacité égale, offrent la possibilité d'avoir moins d'effets secondaires (chutes de cheveux), et surtout de pouvoir suivre son traitement chez soi, par voie orale, sans avoir la contrainte de faire plusieurs déplacements vers les centres spécialisés anticancéreux, localisés dans l'axe Rabat-Casablanca, avec tout cela qu'engendrent de coûts supplémentaires. Il faut rappeler que selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), environ 2 millions de cancers du sein ont été diagnostiqués sur l'ensemble de la planète pendant l'année 2002. Aux Etats-Unis, environ 182.000 femmes en sont atteintes chaque année . Au Maroc, devant l'absence d'un registre national des cancers, le chercheur ne peut que se contenter de chiffres partiels tirés des centres publics et privés marocains de prise en charge des cancers. Le cancer du sein de la femme vient en tête de liste, avec le cancer du col utérin. Par ailleurs, environ 50 pour cent des femmes ayant un cancer du sein, développeront des métastases après traitement primaire. C'est pour offrir plus de chances à ses patientes, que le Comité des spécialités pharmaceutiques (CSP) de l'Union européenne a homologué la molécule anticancéreuse (capécitabine ou xeloda) dans le traitement du cancer du sein métastatique. Cette molécule en association avec un autre médicament anticancéreux, permet une régression plus marquée de la taille de la tumeur et prévient la croissance tumorale. L'autre grande révolution dans le traitement des maladies cancéreuses, est liée à la découverte d'un récepteur impliqué dans l'accélération et la multiplication des cellules cancéreuses appelé (oncorécepteur HER2) et qui est présent dans 30% de cas des cancers du sein. Partant de cette découverte, des chercheurs, ont mis en place un médicament dit Anticorps monoclonal, qui détruit ce récepteur changeant complètement le pronostic des cancers du sein.