Il est l'un des plus anciens karatékas au Maroc. Mohamed El Houari raconte l'évolution de la discipline depuis 1958 et jusqu'à la tenue prochaine de la Coupe internationale Mohammed VI. ALM : quelle votre première activité sportive ? Mohamed El Houari : je suis natif de Rabat en 1942 et dès l'age de huit ans, j'ai adhéré au MSR au sein de la section athlétisme avant d'aller au Stade marocain en 1954, toujours dans la section athlétisme où je me suis distingué au javelot et au lancer du disque. En 1956, j'ai été séduit par le handball, j'ai intégré le club nautique de Rabat, mais cet amour n'a pas duré. Comment s'est effectuée la conversion au karaté ? C'était en 1958. J'avais découvert le karaté au Stade marocain, section judo, dans l'ancien local qui etait situé sur l'avenue Mohammed V, en face de Balima. André Bouquet, qui était greffier au tribunal, était aussi mon professeur de karaté. Ce dernier m'a transmis les enseignements de son maître Plaie, avec la méthode Wadaryou, tout en m'encourageant à continuer dans la voie du karaté. Pourquoi vous avez choisi un sport où la compétition était absente ? J'ai commencé le karaté à l'age de 16 ans, au moment où j'allais encore aux stades pour les rencontres de football, de basket-ball ou de handball. M. Bouquet nous apprenait que la compétition n'est pas le seul objectif du sportif, mais que le sport est surtout de l'éducation et qu'il fallait travailler le corps et l'esprit, et que notre seul but est de transmettre ce savoir aux jeunes. Avec l'arrivée au Maroc, grâce à l'initiative des pratiquants de Casablanca, de maître Harrada en 1963, c'est l'essor du karaté marocain qui avait été amorcé. Comment avez-vous pris l'initiative d'ouvrir un club ? En 1967, j'avais décidé de créer un club de karaté et c'était le premier à Rabat, parce qu'il faut rappeler que nous dépendions du Stade marocain section judo. En 1969, j'ai établi mon premier contact avec maître Ohsima pour adopter la méthode Shotokan. Les stages remplaçaient-ils la compétition ? Avant le pratiquant convoitait les notions de la discipline et ambitionnait de devenir instructeur. La notion de compétition etait absente, le calendrier de la saison se limitait aux stages organisés au Maroc ou à l'étranger. J'ai été, à sept reprises, à la tête d'un groupe de karatékas en Grande-Bretagne, pour bénéficier des stages dirigés par maître Harrada, ainsi que de nombreux autres stages en France et en Espagne. Quel regard portez-vous aujourd'hui sur la compétition ? La compétition a modifié les notions du karaté. Actuellement, on s'entraîne pour réaliser des performances. Pour cela, on recourt à de nouvelles méthodes comme la musculation, le pratiquant cherche le podium, on cherche actuellement à former des champions au détriment de la formation, le sport s'adapte à la compétition. Sur le plan international, le Maroc excelle dans les arts martiaux et avait pris part aux championnats du monde organisés au Caire en 1983. Un conseil aux jeunes pratiquants. Je ne déconseille pas la compétition, c'est un vrai stimulant, mais il faut être fair-play, la victoire n'est pas une fin, il faut livrer une bonne prestation devant le spectateur en respectant ses adversaires et les décisions des référés. Pendant l'entraînement, il faut respecter les règles du dojo.