L'excellente enquête ci-contre réalisée par Fadoua Ghannam, qui a réussi à infiltrer un réseau de pornographie clandestin par Internet à Casablanca, est édifiante. Elle montre, au-delà du contenu de ces “chats“ virtuels que la morale réprouve, la nouvelle frontière de sécurité pour les États. L'excellente enquête ci-contre réalisée par Fadoua Ghannam, qui a réussi à infiltrer un réseau de pornographie clandestin par Internet à Casablanca, est édifiante. Elle montre, au-delà du contenu de ces “chats“ virtuels que la morale réprouve, la nouvelle frontière de sécurité pour les États. Ces derniers sont de plus en plus confrontés, à la faveur de l'évolution phénoménale des nouvelles technologies, à des réseaux puissants qui sévissent via la toile, générant une cybercriminalité qui couvre l'ensemble des infractions pénales : fraude aux cartes de crédit, diffusion de formules pour fabriquer une bombe et surtout d'images pédophiles auprès des enfants. Le phénomène va croissant. Et fait peur. Les pays développés ont compris très tôt le danger de cette nouvelle forme de criminalité, qui ont créé, au sein de leur corps de sécurité, une cyberpolice chargée de sécuriser les réseaux de télécommunication en général et de traquer surtout les auteurs de ces infractions d'un autre type passibles d'emprisonnement. Les pays comme le Maroc, qui vivent un vide juridique et technique total dans ce domaine, représentent évidemment une destination de choix pour les animateurs de ce commerce dangereux qui génère des gains formidables. Ils peuvent y élire domicile sans risque majeur d'être inquiétés. Comme quoi, les délocalisations en direction du pays ne sont pas toutes propres et légales. Mais personne pour contrôler ce flux d'activités virtuelles et distinguer le bon grain du mauvais. Personne non plus pour surveiller par exemple le contenu des millions de chats par SMS échangés tous les jours. En la matière, l'anarchie virtuelle bat son plein avec tout ce que cela génère comme déviances qui minent le tissu social. Pour l'instant, on en est juste à exalter dans les discours officiels “les opportunités considérables“ offertes par les nouvelles technologies de l'information. Dans un monde ouvert où l'informatique et la téléphonie mobile sont devenues parties intégrantes de la vie quotidienne, il est indispensable de mettre en place les garde-fous nécessaires en vue de protéger le citoyen contre les dérives des NTIC. Certes, le Maroc a fait le choix de l'ouverture et de la démocratie, mais les pouvoirs publics ont obligation de veiller à ce que ce choix ne se retourne pas contre le pays. Il faut, à cet effet, commencer par la mise en place d'un arsenal juridique qui réprime la cybercriminalité sous toutes ses formes et permet en même temps de mettre de l'ordre dans ce qu'on appelle les services à valeur ajoutée (téléphone rose, chats pornographiques…) délocalisés au Maroc et faisant travailler des Marocains mais qui échappent complètement à la vigilance des autorités locales. Ce dernier volet nécessite, bien entendu, une coopération exemplaire entre les États à l'image de celle qui concerne déjà la lutte contre le terrorisme.