Renforcer l'investissement dans le secteur, former les profils nécessaires, assurer la protection de la propriété intellectuelle… Les premières Assises des industries culturelles et créatives (ICC) se sont tenues les 4 et 5 octobre à Rabat. Organisé par le ministère de la culture et de la communication et la Fédération des industries culturelles et créatives, cet événement a constitué un plaidoyer de l'ensemble des acteurs professionnels et parties prenantes publiques et privées pour créer une véritable industrie de la culture. Ainsi, Mohamed Laaraj, ministre de tutelle, a souligné que «les mutations dans le secteur de la culture ont engendré un développement du concept de la culture et l'émergence d'industries culturelles et créatives comme un secteur autonome qui requiert l'accompagnement et la recherche de solutions pour pouvoir surmonter les contraintes». M. Laâraj a affirmé que les avancées réalisées dans le domaine de la réhabilitation du secteur culturel au Royaume, grâce aux efforts des différents instances et acteurs, doivent être consolidées pour passer à d'autres niveaux de gestion faisant ainsi de la culture une locomotive pour le développement économique, social et spatial. Dans ce cadre, le ministre a noté que «le Royaume a accumulé une longue expérience dans l'édification des fondements et des bases de la culture, en s'inspirant des Hautes orientations royales relatives à la protection du patrimoine culturel». Et de poursuivre que «le ministère de la culture a alloué au secteur culturel et artistique et au soutien des associations au cours des deux dernières années une aide financière de 150 millions de dirhams, bénéficiant à quelque 2.000 projets dans les domaines du livre, de la lecture, du théâtre, des arts plastiques, des associations et des manifestations culturelles». Pour sa part, Naila Tazi, présidente de la Fédération des industries culturelles et créatives, s'est dite optimiste quant à l'impact de cet événement. Elle a indiqué que «ces Assises témoignent de la détermination de notre pays à inscrire les arts et la culture et au-delà le capital humain dans une nouvelle trajectoire, celle d'un modèle de développement où la culture doit prendre sa place». Selon elle, ces Assises représentent un tournant historique. Elles montrent à la fois l'importance de l'enjeu et l'ampleur de défit à relever. «Il s'agit aujourd'hui de déposer une nouvelle dynamique basée sur une nouvelle synergie et de l'efficacité. Nous ne pouvons considérer que les dépenses et les investissements en faveur du développement culturel comme des dépenses secondaires. Le changement et les perspectives sont nécessaires. Il exige du courage et de la vision. Il suppose la création de nouvelles convergences entre professionnels, décideurs économiques et politiques», dit-t-elle. A cet égard, Mme Tazi n'a pas manqué de souligner que «l'économie de la culture est non seulement une réalité mais surtout une chance». Ahmed Reda Chami, président du Conseil économique, social et environnemental (CESE), a indiqué quant à lui que «les Assises d'aujourd'hui constituent une occasion idoine pour se pencher sur les contours d'une stratégie nationale de développement de l'industrie culturelle portée par les différentes parties prenantes avec une approche participative et concertée». Selon lui, quatre leviers lui paraissent les plus prioritaires. Former les profils nécessaires pour le développement d'une industrie culturelle et créative Selon M. Chami, le système éducatif doit permettre d'inculquer un esprit créatif dès le plus jeune âge, de dispenser le savoir et les connaissances y afférentes et de favoriser la détection précoce des talents. Aussi, les universités et les instituts de formation doivent développer des filières et des formations spécialisées afin de créer les compétences capables de produire des contenus culturels, d'accompagner le développement des industries culturelles et créatives, et de professionnaliser les divers métiers qui gravitent autour de la culture. Renforcer l'investissement dans l'industrie culturelle Plusieurs actions peuvent être menées dans le cadre de renforcement de l'investissement dans l'industrie culturelle selon le président de (CESE). Parmi lesquelles : Encourager l'entrepreneuriat dans les domaines de la culture et de la création, investir dans la culture numérique, notamment en facilitant l'accès des investisseurs aux différents fonds et programmes dédiés à encourager l'innovation dans les nouvelles technologies et en créer de nouveaux. Mettre en place des écosystèmes Mettre en place des écosystèmes qui englobent les activités de création, de production et de commercialisation de biens, services et contenus culturels. Ces écosystèmes favorisent également la création de start-up innovantes dans les activités liées au patrimoine culturel, à la musique, à la chanson et à la production musicale, aux festivités et à l'industrie du spectacle, au théâtre et aux arts visuels, à l'artisanat, au livre, à la presse, à l'audiovisuel, aux multimédias interactifs, au design, à l'architecture et aux services créatifs. A cet esprit, M. Chami a fait un appel celui de réfléchir à la création d'une cité des industries culturelles et créatives, à l'image de ce qu'ont fait certains pays. Assurer la protection de la propriété intellectuelle Selon M. Chami, la protection de la propriété intellectuelle est indispensable au développement des industries culturelles et créatives. «En sécurisant les droits et les obligations des producteurs et des diffuseurs, elle permet d'amorcer une formalisation progressive des activités culturelles, en vue de pérenniser la création d'emplois dans les activités liées à la culture», explique-t-il. Ceci selon lui, nécessite un engagement ferme de la part des autorités publiques à travers le renforcement de la législation et des dispositifs qui permettent de préserver les droits d'auteur et les droits de propriété intellectuelle, les droits connexes conformément aux standards internationaux.