La rentabilité de la RAM existe, mais elle est tellement faible que la compagnie ne peut pas investir. Malgré l'amélioration du coefficient de remplissage, cela reste insuffisant. Tirer la RAM vers le haut, atteindre la taille critique, devenir le principal hub en Afrique et construire un modèle économique pérenne. Ce sont quelques-unes des ambitions exprimées par Abdelhamid Addou, PDG de la RAM, lors de la 15ème édition de «Les mardis du tourisme» qui s'est déroulée le 17 septembre à Casablanca. Sous le thème «Plan de développement de la RAM : quelle vision à moyen et long termes ?», cette rencontre était l'occasion pour le PDG de la RAM d'exposer les réalisations enregistrées à ce jour par la compagnie nationale, les obstacles financiers qui entravent son expansion, les échecs rencontrés sur certaines destinations et la stratégie envisagée pour sortir du statu quo. Rentabilité en deçà du potentiel, concurrence et moyens de progression limités Lors de sa présentation, Abdelhamid Addou s'est arrêté sur les niveaux de rentabilité de la compagnie expliquant que sur les 30 dernières années la flotte n'a pas vraiment évolué. «Nous sommes passés de 30 à 50 avions au moment où nos concurrents ont triplé, voire quadruplé de taille. C'est une progression de 2% par an du nombre d'avions quand la moyenne mondiale était de 7% pendant cette période», indique-t-il, ajoutant que la rentabilité de la RAM existe, mais elle est tellement faible que la compagnie ne peut pas investir. Malgré l'amélioration du coefficient de remplissage, cela reste insuffisant. D'autant plus que les deux principaux axes qui sont Europe-Afrique et Maroc-Europe sont en panne et sont fragiles. Sur le segment Maroc-Europe, «nous n'avons pas eu 4/5 années de forte croissance depuis très longtemps et aujourd'hui nous ne pouvons pas juste fonder une stratégie de développement uniquement sur un segment qui est le tourisme sauf s'il est complètement pérenne et qu'il y ait de gros investissements derrière». Pour le segment Europe-Afrique, il y a plusieurs types de menaces. La première est une menace technologique. En effet, il s'avère que de plus en plus de compagnies s'équipent en avions moyen et long courriers touchant l'Afrique à moindre coût. De même, de nouveaux hubs africains ont vu le jour. Sur l'Afrique de l'Ouest et l'Afrique centrale, la RAM est très présente, néanmoins les perspectives de croissance sont très limitées sur ces marchés. Du côté de l'Afrique de l'Est, la région est éloignée pour pouvoir y œuvrer un moyen-courrier. Sur le long courrier, «l'offre que nous avons aujourd'hui est insuffisante», souligne le PDG de la RAM estimant que sur certaines destinations elle reste peu attractive. Crise sociale à l'aéroport de Casablanca : La ponctualité est tombée au même niveau qu'en 2015 Le taux de remplissage des avions de la compagnie a dépassé 73% avec un niveau de ponctualité atteignant 90%. Au moment de la crise sociale vécue à l'aéroport de Casablanca, celle-ci est retombée au même niveau qu'en 2015, à savoir 75%. Changer de taille : Passer de 103 destinations en 2019 à 120 en 2025 Royal Air Maroc aspire à devenir un transporteur global dépassant les 14 millions de passagers à l'horizon 2025. La compagnie espère augmenter le nombre de destinations desservies pour atteindre 120 au lieu des 103 actuelles. Depuis 2015, la compagnie a lancé 15 nouvelles destinations dont Boston, Manchester, Miami, Doha ou encore Pékin. L'ambition serait d'être encore plus présent dans l'avenir sur le Nord de l'Europe et couvrir encore plus l'Angleterre ou l'Allemagne qui sont deux grands marchés émetteurs. Hub de la Ram : Connecter les régions touristiques du pays à de nouveaux gisements La stratégie de développement de la compagnie repose sur le point à point, le domestique et le hub. Au service du tourisme, la RAM dispose déjà d'un réseau de liaisons directes qu'elle se dit prête à mettre à la disposition des acteurs du tourisme dimensionné selon leur besoin. Parallèlement, plusieurs bases sont étudiées et des programmes de vols point à point pourraient être lancés pour répondre aux besoins touristiques du Maroc, à l'exemple de la région du Nord (19 fréquences hors pointe, 55 fréquences à pointe). Grâce à la régionalisation avancée, 28 routes domestiques sont opérées par la compagnie nationale offrant plus de 40.000 sièges et 395 vols par semaine et connectant 17 villes marocaines. A l'international, la compagnie compte sur son alliance avec oneworld qui lui permettra d'atteindre 500 millions de clients de par le monde et donnera une meilleure visibilité du Maroc au niveau des aéroports desservis.